Emma Mackey de "Sex Education" tacle le fantasme sexiste de la "chaudasse"

Publié le Jeudi 16 Janvier 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
La star de "Sex Education" tacle le slut-shaming.
La star de "Sex Education" tacle le slut-shaming.
Slut-shaming, fille facile et "nympho bizarre" : alors que vient de débuter ce 17 janvier la saison 2 de la jubilatoire série "Sex Education" sur Netflix, sa star Emma Mackey est revenue sur le mythe de la "fille facile" ou "chaudasse". Des mots qui font du bien au féminisme.
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Ce 17 janvier sera forcément une journée jouissive : Netflix nous propose de visionner la saison 2 de la série Sex Education, le show qui décomplexe les ados (mais pas que) quant à leur sexualité. Une série largement acclamée par la critique et le public. L'on avait d'ailleurs vanté les mérites de sa jubilatoire première saison, aussi déjantée que touchante. C'est dire si l'on attend avec la plus grande excitation la suite de cet anti-American Pie.

Stimulants, les propos de sa tête d'affiche Emma Mackey le sont tout autant. Le temps d'une interview accordée à Glamour, la jeune comédienne franco-britannique (et interprète du personnage de Maeve) ne s'est pas privée de déboulonner de nombreux préjugés bien sexistes, en s'en prenant à la figure de la "chaudasse", ou "fille facile" (déjà déconstruite l'an dernier par la cinéaste Rebecca Zlotowski dans son excellent film éponyme).

Une belle leçon de féminisme, pêchue comme il faut. On tend l'oreille.

Ce n'est pas sale !

"Sex Education", une série jubilatoire et féministe.
"Sex Education", une série jubilatoire et féministe.

Pour Emma Mackey, l'éducation sexuelle permet d'en finir avec certains tabous. Et il y en a un qui l'agace plus que tout. Un fantasme qui aujourd'hui encore squatte les couloirs des lycées et les chats de la génération X : celui de la "nympho bizarre". L'actrice de 23 ans déplore que les jeunes femmes intéressées par la sexualité, libres et soucieuses de leur plaisir, soient toujours considérées comme des "chaudasses" par la société. L'air de rien, cette étiquette exacerbe les discriminations et complexe considérablement les femmes.

Les garçons, s'attriste la comédienne, peuvent parler de "cul" , de masturbation et de porno. Mais les filles, non : "Il y a comme un poids sur elles, genre : vous ne pouvez pas en parler parce que c'est sale !".

C'est tout du moins ce qu'Emma Mackey a observé (et ressenti) du temps de son adolescence. Et elle aurait aimé voir une série comme Sex Education à ce moment-là pour rompre "le tabou des femmes et des filles qui ont des désirs et qui veulent avoir des rapports sexuels. Et ne pas les considérer comme des 'nymphos flippantes' et comme quelque chose de sale."

Désormais, l'actrice et mannequin espère qu'un show aussi populaire que Sex Education fera changer les choses. Et que les filles ne seront plus si embarrassées quand il s'agira d'aborder des sujets comme l'orgasme ou le clitoris. A ces jeunes spectatrices (et à elle-même !), elle propose d'ailleurs de se rapprocher davantage du personnage de Maeve, qu'elle incarne : "Etre plus résiliente, confiante et forte". Du girl power plus que nécessaire pour braver la misogynie ordinaire.

Mais que l'on se rassure un peu, à en croire Emma Mackey, les mentalités évoluent justement dans le bon sens. Ouf. "Aujourd'hui, j'ai l'impression que tout le monde parle de sexualité, et c'est vraiment cool", déclare-t-elle à Glamour. Et pourtant, le cliché de la "fille facile" perdure envers et contre tout. Si les langues se délient, l'évocation de la sexualité féminine n'exclut jamais les jugements à l'emporte-pièce, le moralisme réac et les insultes faciles. Difficile de mettre fin à ce slut-shaming qui bien souvent inonde nos réseaux sociaux. De le renverser, ou simplement d'y réagir.

Bien sûr, Emma Mackey en est consciente. S'adressant aux ados fans de Sex Education, l'actrice prône la bienveillance comme remède au sexisme ambiant : bien s'entourer, se nourrir d'ondes positives, et (surtout) ne pas négliger le pouvoir décomplexant de la sororité. "Notre devoir est d'être curieux, de nous instruire sur des choses comme le féminisme", décoche-t-elle encore dans les pages de Glamour. Espérons que les machos du web (et d'ailleurs) la prennent au mot entre deux binge-watching.

Les "curieux" en question pourront d'ailleurs se jeter sur le Petit Manuel de la photographe Charlotte Abramow (à qui l'on doit les meilleurs clips de la chanteuse Angèle). Un guide de la sexualité gratuit et accessible, sorti à l'occasion de cette saison 2 prometteuse, et que l'on peut déjà commander sur le site du show. Histoire de faire durer le plaisir...