Pourquoi regarder "Sex Education", la série délicieusement culottée de Netflix

Publié le Jeudi 10 Janvier 2019
Catherine Rochon
Par Catherine Rochon Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Sex Education, la nouvelle série de Netflix
Sex Education, la nouvelle série de Netflix
Arriver à parler de cul et d'adolescence sans se vautrer dans la vulgarité ? C'est le pari réussi de "Sex Education", la nouvelle série teen de Netflix, aussi déjantée que touchante. On vous dit pourquoi vous allez binge-watcher.
À lire aussi

Otis a 16 ans, de grands yeux bleus, un visage lunaire. Il est vierge, un peu nerd, il a du mal à se masturber et vit dans une maison envahie par des objets phalliques (sa maman est "thérapeuthe sexuelle et relationnelle"). Et comme tous les ados qui n'ont pas encore vu le loup, il se met la pression. Surtout qu'au lycée, "tout le monde l'a fait durant l'été". S'il est loin d'être un tombeur, il va se trouver un autre talent : Otis (campé par Asa Butterfield, le petit Hugo Cabret de Scorsese) va devenir conseiller sexuel de ses petits camarades blindés d'hormones.

Netflix nous vendrait-il un American Pie british avec Sex Education ? Bonne nouvelle : nous en sommes très loin. Si le point de départ de cette nouvelle série pouvait faire craindre un show lourdingue et vulgaire, Sex Education (oui, le titre ne lui rend pas justice) se révèle subtile, légère et délicieusement fantaisiste.

Chaque épisode explore les spectres de la sexualité, présentée ici comme une quête de l'identité, un apprentissage des désirs et des relations aux autres. A travers les différents "clients" d'Otis et de situations décalées, la série aborde l'homosexualité, le slut-shaming, le revenge-porn, le consentement, la puberté, l'avortement ou la quête du plaisir féminin de façon décomplexée. On y parle de "branlette", de clito, on y voit des sexes en érection, des taches de sperme, des seins, des vagins. C'est cru et cash, drôle sans être crade. Un numéro d'équilibriste entre comédie, gravité et trash, dont les séries anglaises ont le secret (remember l'excellente Skins ?).

L'autre réussite de Sex Education est de ne pas tomber dans les clichés tout en surfant sur les archétypes des comédies teen. Ainsi, on retrouve le meilleur ami gay flamboyant (l'un des personnages les plus attachants de la série), la belle rebelle émancipée, le cancre décérébré, l'athlète populaire... Mais le show décanille les stéréotypes au détour de jolis twists, permettant aux héros d'embrasser une complexité et une profondeur inattendue.

Otis et sa mère dans Sex Education
Otis et sa mère dans Sex Education

Sex Education interroge également les relations ados-parents avec tendresse, notamment à travers le personnage de la mère sexologue d'Otis (jouée par l'irrésistible Gillian Anderson). Une maman libérée et légèrement envahissante qui cherche ses marques alors que son fils tâtonne avec sa propre sexualité.

Ajoutez à cela une bande-son aux petits oignons et des costumes ultra-pop (les nostalgiques de Grease et de Parker Lewis seront aux anges), et vous obtenez la première bonne surprise série de cette année 2019. Rafraîchissante, feelgood et culottée.

Sex Education

De Laurie Nunn

Avec Asa Butterfield, Gillian Anderson, Ncuti Gatwa

Diffusion sur Netflix dès le 11 janvier 2019