Sida : discrimination « insoutenable » autour des soins funéraires

Publié le Jeudi 05 Janvier 2012
Sida : discrimination « insoutenable » autour des soins funéraires
Sida : discrimination « insoutenable » autour des soins funéraires
Près de 40 associations de lutte contre le Sida s'indignent contre le maintien possible de l'interdiction de pratiquer des soins funéraires de conservation sur les séropositifs décédés. Le Conseil national du sida (CNS) rejette ce dispositif préconisé par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP).
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C’est le Conseil national du sida (CNS), instance consultative placée auprès du ministre de la Santé, qui a donné l’alerte à la veille de Noël, s’inquiétant du maintien possible d’un dispositif légal qui interdit de procéder à des soins de conservation (la thanatopraxie) sur les défunts atteints du VIH. Les associations de lutte contre le sida ont vu rouge et n’ont pas tardé à manifester leur indignation en envoyant un texte collectif au ministre de la Santé, Xavier Bertrand, qui dénonce « une absurdité dangereuse et violente ». Celui-ci a alors décidé d’organiser une réunion avec les parties concernées le 10 janvier, sous la présidence du Directeur général de la santé, Jean-Yves Grall.

Les soins de thanatopraxie visent à retarder le processus de décomposition du corps en injectant dans le système vasculaire du formol, un produit antiseptique et conservateur, à la place du sang. Ils sont interdits depuis 1998 sur les personnes atteintes du VIH, mais aussi de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, d’hépatites virales B et C, et de tout état septique grave, afin de ne pas exposer les thanatopracteurs à des risques de contamination. Une argumentation soutenue par le Haut Conseil de la santé publique (HSCP) mais invalidée par le CNS et les associations, qui parlent de « discrimination légale sans fondement scientifique ». Le Pr Willy Rozenbaum, président du CNS, rappelle qu’ « il y a au moins un tiers des personnes contaminées [ par le VIH ndlr] qui s’ignorent » et qui échappent, par conséquent, à ces mesures funéraires exceptionnelles. La loi actuelle, prend à rebours, d’après lui, la logique de la prévention, et constitue « une fausse sécurité », les mesures de précaution devant s’appliquer à tous les cadavres.

Alimenter le moulin des préjugés quotidiens auxquels sont confrontés les séropositifs, voilà ce qui révolte les associations dans les mesures discriminatoires en vigueur. Jérôme Martin, d’Act Up-Paris, rappelle que « c’est le même type de raisonnement qui est à la base des refus de soins par les dentistes ». Le président d’Élus locaux contre le sida (ELCS), Jean-Luc Romero, a d’ailleurs saisi le Défenseur des droits, Dominique Baudis, à ce sujet. À l’heure actuelle, les familles ne peuvent demander qu’une toilette et un habillage de leurs défunts séropositifs.

Élodie Vergelati

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