"Bressure" : la bataille de l'allaitement cessera-t-elle un jour ?

Publié le Lundi 01 Juin 2015
Ariane Hermelin
Par Ariane Hermelin Journaliste Terrafemina
Journaliste société passée par le documentaire et les débats en ligne sur feu Newsring.fr.
La guerre de l'alalitement continue de faire rage
La guerre de l'alalitement continue de faire rage
Alors qu'un sondage révèle que de plus en plus de mères ayant choisi le biberon souffrent d'être montrées du doigt, un site a lancé une campagne baptisée "Bressure" ("pression du sein") pour déculpabiliser ces dernières. Et vient de s'aliéner les pro-allaitement, qui ont le sentiment d'être stigmatisées à leur tour. Ou comment les communautés de mamans ne sont pas près de cesser de s'entre-déchirer au sujet de l'allaitement.
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Lancé il y a peu pour encourager les femmes à allaiter en public sans se sentir gênées par le regard des autres, le "brelfie" contribuerait à culpabiliser les mères qui ont fait le choix de ne pas nourrir leur enfant au sein. C'est du moins la conclusion d'une enquête commanditée par le site participatif anglais Channel Mum.

L'enfer, c'est les autres mères

D'après ce sondage récent réalisé auprès de femmes ayant fait le choix de ne pas allaiter leur enfant, elles seraient de plus en plus à souffrir en effet du regard désapprobateur ou des commentaires peu amènes venant d'autres mères, qu'il s'agisse de connaissances rencontrées par hasard, mais également de leur propre génitrice, voire de leur belle-mère. Le comble étant que ces femmes issues de l'entourage seraient, d'après cette enquête, plus promptes que les professionnels de santé à juger négativement le choix de ne pas allaiter.

Ainsi, sur les quelque 2000 femmes ayant opté pour le biberon interrogées dans le cadre de ce sondage, 16% déclarent avoir essuyé des remarques de la part d'autres mères, et 1 femme sur 20 a subi des attaques sur les réseaux sociaux au motif qu'elle ne donnait pas le sein.

69% des mères qui n'allaitent pas jugées négativement

En tout, ce sont 69% des mères interrogées qui disent avoir été jugées négativement, dont 41% auxquelles on a communiqué le sentiment qu'elles avaient "échoué en tant que mère et abandonné leur enfant" en prenant le décision de ne pas allaiter. 15% des femmes interrogées ont même avoué avoir menti à l'occasion en prétendant qu'elles nourrissaient leur bébé au sein afin de passer pour de "meilleures mères" auprès de leur entourage.

A l'initiative de Channel Mum, des femmes ont ainsi décidé de riposter à la mode du "brelfie" sur Instagram en dénonçant cette pression autour du sein, ou "bressure" (pour "pressure"- pression- et "breast"- poitrine) en anglais, via des messages décrivant ce qu'elles ont ressenti lorsqu'elles ont essayé d'allaiter pour la première fois. Le but ? Donner la parole aux femmes en leur permettant d'exprimer ce qu'elles ressentent face à la pression ambiante.

Deux communautés irréconciliables ?

Le problème, c'est que cette campagne, en dénonçant les effets pervers du "brelfie", a d'ores et déjà réussi à aliéner les mères qui allaitent, agacées d'être indirectement accusées de culpabiliser les autres. Plusieurs voix se sont ainsi élevées pour dénoncer sur Twitter ce qu'elles considèrent comme une manière de dresser les femmes les unes contre les autres autour de ce thème décidément hautement inflammable qu'est l'allaitement.

En venant s'ajouter aux polémiques récurrentes sur le sujet, la campagne "Bressure" destinée à réconcilier les femmes qui allaitent et celles qui n'allaitent pas en leu permettant, à toutes, de parler de leur expérience sans fard, tend malheureusement à prouver que ces deux communautés ne sont pas près de s'entendre.