"Les nanas qui pissent" : les Néerlandaises dénoncent le sexisme des toilettes publiques

Publié le Mardi 26 Septembre 2017
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
"Les nanas qui pissent" : ces Néerlandaises protestent contre le sexisme des toilettes publiques
"Les nanas qui pissent" : ces Néerlandaises protestent contre le sexisme des toilettes publiques
Des Néerlandaises ont lancé un mouvement sur Facebook pour dénoncer le peu de toilettes publiques réservées aux femmes dans leur pays. Cette action fait suite à la récente condamnation d'une habitante d'Amsterdam, contrainte de payer une amende pour avoir uriné sur la voie publique.
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Elles sont accroupies, se pincent le nez... Certaines portent même un caleçon. L'objectif de ces Néerlandaises ? Dénoncer l'absence de toilettes publiques réservées aux femmes dans la ville d'Amsterdam. Cette manifestation publique a été organisée en réponse à l'appel lancé samedi dernier (23 septembre) par des activistes militantes et relayé sur les réseaux sociaux via le hastag #zeikwijven ("les nanas qui pissent").

Ce mouvement a été crée en réaction à la récente condamnation de Geerte Piening, habitante d'Amsterdam. Il y a deux ans, cette femme avait été arrêtée dans une rue de la capitale néerlandaise pour avoir uriné sur la voie publique pendant la nuit, alors que tous les bars et les cafés du quartier avaient fermé leurs portes. La sentence est tombée lundi 18 septembre : celle-ci a écopé d'une amende de 90 euros. Le motif du juge : cette dernière n'avait qu'à utiliser des urinoirs masculins. "Ce n'est peut-être pas agréable, mais cela pourrait être possible", a estimé ce dernier, comme le rapporte le quotidien néerlandais Het Parool.

Pétition pour "l'équité du pipi"

Les militantes à l'origine du mouvement "Les nanas qui pissent" veulent faire comprendre à leur gouvernement que s'il n'ajoute pas de toilettes publiques pour femmes, ces dernières devront utiliser les urinoirs masculins. Problème : comme on peut le constater sur les clichés (qui ne manquent pas d'humour), ce n'est pas très pratique pour une femme de faire pipi correctement et proprement quand elle doit le faire en position verticale. En l'espace de quelques jours, le mouvement a déjà réuni plus de 9000 membres sur Facebook et de nombreux messages de soutien ont été adressés à l'attention de Geerte Piening.

Selon Cathelijne Hornstra, l'une des fondatrices du mouvement, la capitale néerlandaise compte seulement 3 toilettes publiques contre 35 urinoirs masculins. "Les autorités locales ne sont pas obligées de mettre des toilettes publiques à disposition. Mais si elles le font, c'est seulement pour les hommes", déplore cette dernière, interrogée par l'AFP. Les photos prises au cours de la manifestation de samedi seront transmises à Jet Bussemaker, ministre néerlandaise en charge de l'émancipation des femmes. Les militantes ont également récolté près de 600 signatures pour une pétition appelant à plus d'"équité du pipi" dans leur pays, indique l'AFP.

"Nos corps ont été historiquement négligés"

Il n'y a pas qu'aux Pays-Bas que la question des toilettes publiques pour femmes pose problème. Entre les files d'attente interminables et l'absence de toilettes sur la voie publique, les autorités locales de nombreux pays ont effectivement un gros boulot à faire avant d'arriver à la parité. Auteure d'un article paru dans le Time en janvier 2015 traitant du sexisme dans les toilettes publiques aux Etats-Unis, Soraya Chemaly écrivait : "Nous sommes debout, à attendre dans la file parce que nos corps, comme ceux des personnes trans et queer, ont été historiquement négligés, ignorés, et jugés indignes de soins et de reconnaissance. Nous ne devrions pas avoir à attendre ou à reporter nos besoins."

Récemment en France, l'université de Tours François-Rabelais a annoncé son intention d'ouvrir ses premières toilettes mixtes. Si cette décision vise avant tout à s'engager contre la discrimination de genre pour les élèves trans (cette mesure devrait également s'accompagner d'une reconnaissance du prénom d'usage), on ne peut que la saluer et espérer que d'autres initiatives de ce type voient le jour au sein de notre pays.