L'effroyable "marché" des petites filles se porte bien en Afghanistan

Publié le Mercredi 13 Juillet 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Pour faire face à la famine et la misère qui s'installent de plus en plus profondément en Afghanistan, des familles se retrouvent contraintes de vendre leurs fillettes. Elles sont souvent forcées de se marier à des hommes beaucoup plus âgés.
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En mai dernier, France 2 rapportait le terrible "marché" qui s'intensifie dans plusieurs régions très pauvres d'Afghanistan : celui des enfants et plus particulièrement des petites filles. Celles-ci sont vendues par leurs parents à des familles qui ne peuvent pas en avoir ou à des hommes qui en feront leur femme. Un ultime recours justifié par la famine qui plonge chaque membre de la famille dans le désespoir.

Yasee, père de Afasana, 8 ans, vendue à un homme de 25 ans pour 2 300 euros, évoque sa décision dans le quotidien espagnol El Pais, avec une peine aussi insoutenable que la réalité qui l'explique. "Évidemment que je ne voulais pas le faire, mais depuis l'arrivée des talibans, j'ai perdu mon emploi de balayeur. Il a fallu quitter Kaboul pour cette zone isolée de la province de Kandahar, où vivaient un de mes oncles et sa famille. Je devais obtenir un travail dans les plantations de pavot à opium, mais le régime a décrété que ce serait la dernière cueillette, et il n'y a presque plus besoin de journaliers. Sans argent, nous n'avions pas d'autre solution."

La petite Afasana, elle, ajoute : "Au moins, je vais manger deux fois par jour".

23 millions d'Afghan·es souffrent aujourd'hui de la faim

La vente de fillettes n'est pas inédite dans le pays gouverné par les talibans depuis août 2021. Avec un peu de chance, elles ne quitteront le nid familial qu'à 15 ans. Dans 28 % des cas toutefois, estime l'ONU, le départ s'effectuera avant. "Selon toute probabilités", décrit Slate, elles subiront auprès de leur mari "viols en chaîne et grossesses en série jusqu'à ce que mort s'ensuive, dans un pays où les femmes n'ont quasiment plus d'existence officielle autre que celle qui permet de les utiliser et de les punir, et où elles sont réduites au statut d'objets."

A cela s'ajoute la famine qui ravage plusieurs régions afghanes, passant de 14 millions en juillet 2021 à 23 millions en mars 2022 le nombre de personnes souffrant de la faim, le séisme qui a tué un millier de personne fin juin, les sécheresses, les crues hivernales et un conflit qui perdure depuis plusieurs décennies. Une situation dramatique qui ne semble pas près de s'arrêter.