Les Afghanes n'ont plus le droit de prendre l'avion sans être accompagnées d'un homme

Publié le Lundi 28 Mars 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Des femmes à Kaboul, en octobre 2021.
Des femmes à Kaboul, en octobre 2021.
En Afghanistan, après l'interdiction d'accès aux collèges et lycées aux adolescentes, c'est la possibilité de voyager seule en avion qui est retirée aux femmes du pays gouverné par les talibans.
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Les compagnies aériennes ont reçu l'ordre de refuser d'embarquer les Afghanes qui se présenteraient seules ou sans proche masculin pour voyager. Une information confiée par deux responsables d'Ariana Afghan Airlines et Kam Air à l'AFP, dimanche 27 mars au soir.

Plus d'accès à bord, et plus de billets non plus, affirment les employés, l'agence de presse précisant que la décision a été prise lors d'une réunion tenue en milieu de semaine dernière entre des représentants talibans et des deux sociétés, ainsi que les autorités de l'immigration de l'aéroport de Kaboul.

"Aucune femme n'est autorisée à voler sur des vols intérieurs ou internationaux sans un parent masculin", détaille ainsi une lettre envoyée par un haut responsable d'Ariana Afghan Airlines à son personnel. A noter que le 25 décembre 2021, le gouvernement en place avait déjà interdit aux Afghanes de se déplacer seule à plus de 72 kilomètres de leur domicile.

Des restrictions croissantes

Il y a quelques jours à peine, le mercredi 23 mars, les talibans ont également ordonné la fermeture des collèges et lycées aux adolescentes. Et ce, peu après leur réouverture après sept mois d'attente dans des établissements non-mixtes. "J'ai vu mes élèves pleurer et hésiter à quitter le cours. C'est très douloureux de voir vos élèves pleurer", a déploré auprès de l'AFP une enseignante à l'école de filles Omara Khan, située à Kaboul.

Dans la foulée, le ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice a instauré la séparation des femmes et des hommes dans les parcs publics de la capitale, avec des jours de visite prédéfinis pour les unes et les autres. "Les mercredis, jeudis, vendredis et samedis sont désormais réservés aux hommes et les dimanches, lundis et mardis aux femmes", notait-il.

De nouvelles restrictions terriblement misogynes qui s'inscrivent dans une volonté idéologique de priver les femmes de leurs droits. En septembre dernier, certaines militantes qui avaient manifesté pour la dénoncer avaient par ailleurs été réprimées, arrêtées et détenues, parfois pendant plusieurs semaines.