Des catholiques intégristes empêchent des concerts d'Anna von Hausswolff, jugée "sataniste"

Publié le Jeudi 09 Décembre 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
A Nantes, des catholiques intégristes empêchent un concert qu'ils jugent "sataniste"
A Nantes, des catholiques intégristes empêchent un concert qu'ils jugent "sataniste"
"Sataniste". C'est ainsi qu'un large groupe de catholiques intégristes a désigné la musique de l'organiste suédoise Anna von Hausswolff. Jusqu'à empêcher le déroulé de son concert dans une église à Nantes, mais aussi à Paris. Une censure déplorable.
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"Rien n'autorise l'expression d'une telle censure. Ce n'est pas notre conception d'un projet de société fondé sur le dialogue et l'ouverture culturelle". Voilà ce qu'a déploré Bassem Asseh, premier adjoint à la mairie de Nantes, suite à la manifestation d'une soixantaine de catholiques intégristes devant l'église Notre-Dame du Bon-Port, ce mardi 7 décembre à 21h. Là-bas, les intégristes ont empêché le déroulé d'un concert de la chanteuse et organiste suédoise Anna von Hausswolff.

Nom reconnu du rock expérimental et du post-métal, Anna von Hausswolff a donc été la cible d'un virulent mouvement de protestation, alors qu'elle devait donner un récital sur l'orgue de l'église, événement par ailleurs autorisé par le diocèse. Un concert à l'annulation forcée par mesure de sécurité. "C'est inacceptable, cela relève d'une atteinte à la liberté de création et d'expression", a fustigé le directeur de l'un des organisateurs de l'événement, la salle de spectacle Le Lieu unique, Eli Commins, comme le rapporte Le Figaro.

Un autre récital d'Anna von Hausswolff, prévu en l'église Saint-Eustache de Paris ce jeudi 9 décembre, a également été annulé.

Une tactique "misogyne"

"Entre 50 et 100 manifestants bloquaient l'accès à l'église pour les quelque 400 fans qui attendaient de rentrer. J'étais terrifiée et désorientée. Mon équipe et moi étions à l'intérieur, sans réaliser la gravité de la situation, jusqu'à ce que nous entendions des cris et des coups contre les portes. Et la situation est devenue si tendue que nous avons décidé d'annuler, pour protéger tout le monde", a témoigné la chanteuse à Libération.

Comme le rappelle le journal, cela fait pourtant dix ans que l'artiste a pour habitude de jouer dans des églises. Ce qui n'empêche pas ses détracteurs de considérer sa musique comme "sataniste". A Libé toujours, le directeur Eli Commins le déplore : "La musique d'Anna von Hausswolff est très enrichissante spirituellement. Les accusations en satanisme sont une tactique misogyne typique des croyants contre les femmes artistes".

Une tactique misogyne qui, hélas, fait son effet.