Au Koweït, une présentatrice suspendue pour avoir dit à son collègue qu'il était beau

Publié le Mercredi 23 Mai 2018
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Au Koweït, cette présentatrice se fait virer pour avoir dit que son collègue était beau
Au Koweït, cette présentatrice se fait virer pour avoir dit que son collègue était beau
Une journaliste de télévision au Koweït a été suspendue temporairement de l'antenne après avoir complimenté l'un de ses collègues en plein direct. Cette sanction très sévère a suscité une vague d'indignation sur Twitter.
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C'est une histoire hallucinante. Au Koweït, la journaliste de télévision Basima al-Shammar a été suspendue après avoir complimenté l'un de ses collègues en plein direct. Les faits se sont déroulés le 12 mai, alors qu'elle couvrait les élections municipales de son pays.


L'animatrice s'apprêtait à passer l'antenne à son collègue Nawaf al-Sharraki. "Arrête de te recoiffer, tu es très beau comme tu es !", lance-t-elle à son collègue, que l'on peut voir à l'écran en train de réajuster sa tenue vestimentaire.

Temporairement privée d'antenne

Un commentaire qui, chez nous, ne ferait pas de vague et passerait presque inaperçu. Mais pas au Koweït. Le commentaire de Basima al-Shammar a déclenché les foudres du ministère de l'information, qui gère officiellement la Kuwait Television, et pour laquelle Basima al-Shammar travaille.

Sur Twitter, le député Mohammad Al Hayef a dénoncé le commentaire "non-conforme au format classique de la télé koweitienne" et sommé le ministère de l'information de prendre des mesures au plus vite. La sentence ne tarde pas à tomber : juste après son passage télé, la journaliste apprend qu'une enquête a été ouverte suite à cet "incident'" et qu'elle sera temporairement privée d'antenne.


"Ce qui s'est passé n'est pas une blague"

Diffusée sur les réseaux sociaux, la séquence vidéo (voir ci-dessus) est rapidement devenue virale. Sur Twitter, les avis sont partagés : certains soutiennent la décision du gouvernement, tandis que d'autres se disent tout simplement indignés par une sanction aussi sévère en réponse à "une blague inoffensive".

Au sein du ministère de l'information, plusieurs personnes ont pris la défense de Basima al-Shammar, en déclarant que la présentatrice s'est mal exprimée involontairement. Selon le journal local Al Qabas, cela a même suscité l'indignation de certains hauts responsables koweïtiens.

Interrogée par ses confrères d'Al Arabiya, Basima al-Shammar explique que sa remarque à destination de son collègue n'avait rien d'une plaisanterie. "Ce qui s'est passé n'est pas une blague. Chez nous, lorsque vous voyez quelqu'un ajuster sa tenue vestimentaire, vous lui dites : 'vous êtes beau...' C'est ce que j'ai fait avec Nawaf en lui disant : 'vous n'avez pas besoin d'ajuster votre vêtement de tête, vous êtes beau'. Ça voulait dire que sa tenue était bien, et qu'il était prêt à prendre l'antenne", a-t-elle expliqué.

"L'une des meilleures personnalités des médias"

De son côté, Nawaf al-Sharraki a précisé sur les réseaux sociaux qu'il ne réajustait pas sa coiffure mais qu'il en était en réalité en train de réparer ses écouteurs. Ce quiproquo aura donc coûté très cher à cette journaliste.

Nawaf al-Sharraki a également adressé un message de soutien à Basina al-Shammar, en la décrivant comme une personne "modeste et aimable et l'une des meilleures personnalités des médias".