IVG : Comment se défend Facebook, accusé d'avoir contribué à l'arrestation d'une jeune fille ?

Publié le Jeudi 11 Août 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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Facebook aurait collaboré avec les autorités afin de procéder à l'arrestation d'une jeune fille accusée d'avoir eu recours à une pilule abortive, en divulgant ses conversations personnelles. Un scandale que réfute (en partie) le célèbre réseau social.
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"Tout simplement, ne faites pas confiance à ce que les entreprises font de vos données. Elles les partagent souvent avec des tiers non autorisés d'une manière que vous n'avez pas consenti". Voilà ce que déclarait l'ex-commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario Ann Cavoukian à l'annonce d'une nouvelle : la décision partagée par bien des citoyennes Américaines de désinstaller leur application de suivi des règles, suite à la décision de la Cour suprême des Etats-Unis de révoquer le droit à l'avortement.

Ann Cavoukian avait-elle raison en détaillant "Ces entreprises peuvent prétendre protéger votre vie privée, ne stocker aucune de vos données numériques, ne les partager avec personne, mais encore et encore, nous avons vu que ce n'est pas vrai" ? Toujours est-il que c'est précisément autour de cette idée que les témoignages indignés retentissent sur les réseaux sociaux depuis deux jours, alors que Facebook fait l'objet d'un scandale. Certaines internautes incitent même les utilisatrices à désinstaller Facebook.

Effectivement, la plateforme est accusée d'avoir aidé les forces de l'ordre, pourvues d'un mandat, à arrêter une jeune citoyenne du Nebraska, laquelle aurait eu recours à une pilule abortive, en partageant ses conversations Facebook privées, faisant office de preuves. Désormais, l'entreprise se défend (en partie).

La réponse de Facebook

La jeune fille, dont le domicile a été perquisitionné, a fait l'objet d'une enquête concernant les circonstances de la naissance d'un enfant mort-né, et la commande d'une pilule abortive sur Internet. Aujourd'hui, elle est notamment poursuivie en justice pour avoir avorté après 20 semaines de grossesse.

"Rien, dans les mandats que nous avons reçus de la police, ne mentionnait un avortement. Les mandats concernaient des actes liés à une enquête criminelle", a communiqué l'entreprise sur ses réseaux sociaux, précisant encore dans sa publication officielle, relève 20 Minutes : "Les documents de la cour indiquaient que la police enquêtait sur le cas d'un enfant mort-né qui aurait été enterré et brûlé".

Les entreprises contribueront-elles à la répression des femmes et des filles après la révocation du droit à l'avortement ? Beaucoup ont dans un premier temps souhaité rassurer les principales concernées. Apple notamment avait assuré que "de nombreuses mesures" seraient prises pour protéger les données de santé des utilisatrices sur les appareils et dans le cloud, et Google, que serait automatiquement supprimé l'historique de localisation "indiquant si une personne s'est rendue dans une clinique d'avortement".

Cependant, cette nouvelle affaire laisse à présumer du pire concernant l'évolution de la situation.