"C'est inacceptable !" : En France, on s'inquiète sérieusement des pénuries de pilules abortives

Publié le Mardi 18 Avril 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
10 photos
Lancer le diaporama
Cela fait quelques semaines déjà que l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament s'inquiète sérieusement des pénuries de pillules abortives en France, et notamment en Ile de France. Alors, faut-il vraiment s'alarmer ?
À lire aussi

Une pénurie de pilules abortives ? La nouvelle est inquiétante à souhait pour qui se préoccupe des droits les plus fondamentaux des femmes. Et l'accès à l'avortement est l'un des plus précieux, d'autant plus qu'il se voit largement menacé même dans les sociétés dites "exemplaires" et influentes...

Cela fait effectivement quelques semaines déjà que l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, l'OTMeds pour les intimes, alerte sur des pénuries concernant la pilule abortive. Et plus précisément, le misoprostol, qui comme le rappelle franceinfo est couramment utilisé pour les avortements médicamenteux. Dans les faits, il intervient carrément dans 76% des IVG...

Un manque qui va jusqu'à gagner les centres de santé et de planification, en Ile de France notamment.

"ALERTE. De nombreux témoignages nous remontent depuis 48h en particulier : le misoprostol utilisé pour les IVG médicamenteuses est porté disparu dans la totalité des pharmacies à Lille et à différents endroits en région parisienne. A ce stade, il ne s'agit plus de tensions mais bien de pénurie !", avance l'OTMeds.

Préoccupant, pour un enjeu qui nous concerne toustes.

"Il faut une réponse immédiate !"

Une situation si inquiétante d'ailleurs que l'OTMeds a décidé de tirer la sonnette d'alarme : "Il y a bien des pénuries de pilules abortives par endroits et par séquences, qui plongent dans l'angoisse les personnes qui ont besoin d'un accès rapide. Il est inacceptable qu'un médicament aussi important soit indisponible, ne serait-ce qu'une semaine".

Etat des lieux au sujet duquel l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament n'est pas le seul à s'alarmer d'ailleurs, loin de là. Présidente du Planning familial, Sarah Durocher exige sur les ondes de France Inter "une réponse immédiate de la part du gouvernement !". Le message est lancé.

Cofondatrice de l'OTMeds, Pauline Londeix ne dit pas mieux d'ailleurs du côté de la radio de service public : "C'est gravissime que la sécurité sanitaire ne soit pas garantie par l'État. À chaque pénurie de médicament, c'est toujours la même chose. Il y a une minimisation de la part du gouvernement. Et pour le moment, la difficulté d'accès à ce produit empêche concrètement l'accès à l'avortement à de nombreuses femmes".

Parole des plus critiques, et qui résonne particulièrement à l'heure où la pilule abortive, et surtout sa disponibilité, cristallise les inquiétudes de bien des femmes à travers le monde, anxieuses pour leur santé et leur intégrité. Pour leurs libertés également, que d'aucunes diraient constitutionnelles. Aux Etats-Unis, c'est un vrai feuilleton, inquiétant et dramatique, qui se joue depuis des semaines à ce sujet.

Le 15 mars dernier un juge fédéral ultra-conservateur examinait une demande de suspension de l'autorisation de ladite pilule aux Etats-Unis, suite à la déposition de nombreux recours (par des opposants à l'IVG) jugeant celle-ci "dangereuse" pour la santé des femmes. A l'horizon, une peur palpable : celle de voir la pilule abortive être interdite sur l'ensemble du territoire.

Once d'espoir cependant : le 15 avril dernier, la Cour suprême américaine maintenait "temporairement" l'accès à celle-ci...