Balzac Paris : le beau roman mode de Chrysoline

Publié le Vendredi 05 Juin 2015
Fanny Rivron
Par Fanny Rivron Journaliste
En 2011, Balzac Paris, c'était une petite marque de noeuds papillon made in France. En 2015, c'est une griffe démente pour modeuses exigeantes qui ne fait que des best-sellers. Récit d'une success story avec Chrysoline, la fondatrice.
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Tout a commencé à cause d'un problème de serrure, un soir de février 2011. Les protagonistes de l'histoire et futurs fondateurs de Balzac Paris : Chrysoline, Victorien (qui deviendra son mari) et Charles (amis d'enfance de Victorien). "On était chez Victorien et moi. En partant, j'ai claqué la porte avec les clés à l'intérieur, du coup on est allé dormir chez Charles. En regardant la télé, on a vu une nana qui faisait des noeuds pap' chez elle. Les gens venaient choisir leur tissu, c'était vraiment du sur-mesure ", raconte Chrysoline. Elle trouve l'idée chouette, motive ses comparses. Sa soeur Clem, couturière, fera les noeuds pap', ils lanceront leur blog. Si ça prend tant mieux, si ça ne prend pas, ça ne leur aura pas coûté grand-chose.
"On cherchait un nom et puis on a découvert qu'Honoré de Balzac avait écrit un traité sur la vie élégante dans lequel il parle de comment porter le noeud papillon. On s'est dit que c'était chouette de donner ce ton-là à notre marque, en sachant que ça serait français, sur-mesure", explique Chrysoline. L'équipe se lance, les noeuds papillon se vendent, ils ajoutent des cols Claudine à leur collection et Balzac commence à se faire connaître.

Le coup de maître des sweats littéraires

"Et puis en janvier 2014, on s'est dit 'Pourquoi ne pas faire une ligne de vêtements pour femmes ou pour hommes ?' On a commencé par le sweat-shirt à message parce qu'à ce moment-là, il y avait un engouement énorme pour ce produit. Et puis c'est une pièce hyper-facile en termes de coupe, de tailles." Il y aura trois sweats hommages à trois grands couples de la littérature : Honoré de Balzac et Frances Sarah Lovell (la comtesse Guidoboni-Visconti) Alfred de Musset et George Sand et Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
"Ça a été un super carton. C'est maintenant des pièces phares de Balzac, qu'on continue à faire. On change les couleurs, on fait des nouveaux couples. Il y a Marcel [Pagnol] et Jacqueline cet été, avec la marinière, et en septembre, on fait les sweats pour enfants !"
Car le positionnement génial de Balzac Paris (et sans doute la clé du succès de la marque), c'est de rebondir très vite aux coups de coeur des acheteuses : "Deux fois dans l'année, on a une collection événementielle qui répond essentiellement aux demandes des clientes. Là, en juin, on a une collection qui tourne autour du cardigan Marius parce que ça a été un super succès."


Même histoire avec la blouse Bel Ami : "Une blogueuse qui l'avait achetée nous a envoyé un message privé sur Instagram il y a quelques mois en disant 'Vous pouvez pas la refaire parce que tout le monde veut me l'acheter et j'ai aucune envie de la revendre !'. Du coup on la refait !"
Aujourd'hui, Balzac Paris imagine quatre collections éphémères par an et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin : les boots arrivent la saison prochaine, et au vu des échantillons de daim sublimes repérés sur le bureau de Chrysoline, ça s'annonce très beau.


"On continue aussi les noeuds papillon parce que c'est l'origine de Balzac. On fait du 100% sur-mesure, en fonction des thématiques de mariage par exemple", précise Chrysoline. On trouve également les noeuds papillon Balzac dans la boutique/salon de thé Sept Cinq, rue Notre-Dame de Lorette ou dans l'appartement/ boutique pour hommes À mon image, 22 Rue Godot de Mauroy dans le IXe.


Et une boutique Balzac, justement ? Non, Chrysoline n'y pense pas. "Depuis le début, on fait les rendez-vous de Balzac. Les filles viennent au bureau, on les rencontre, elles peuvent essayer les vêtements, découvrir les coulisses de la marque, du coup on ne pense pas à une boutique classique. Mais un concept autour de l'univers de Balzac, pourquoi pas ! Ça pourrait être le café Balzac, comme on est très littéraires, un truc où tu pourrais venir échanger des bouquins et en même temps essayer nos vêtements."

Sept questions à Chrysoline de Balzac Paris


La pièce Balzac dont tu es la plus fière ? : "Le sweat-shirt littéraire évidemment et aussi la Bel Ami, notre blouse de l'été dernier. Je l'adore. Je la porte tout le temps avec une salopette, un short, un jean, elle est déclinable à l'infini et elle est facile à twister."


Ton livre préféré ? : Love Story d'Erich Segal. Je l'ai lu 15 fois. Et plus récent, Les gens heureux lisent et boivent du café, c'est génial et ils viennent de sortir la suite, tu pleures beaucoup mais c'est très chouette.


Ton film préféré ? : Je regarde très peu de films mais Love Actually, je le vois toujours avec plaisir.


Ton péché mignon mode ? : J'ai pas mal de paires de pompes, c'est un peu un drame ! Je suis très souvent à plat et je mets beaucoup de baskets.


Les marques, les créateurs que tu admires ? : Isabel Marant, elle n'est jamais maquillée, elle est à la coule, c'est une marque chouette et inspirante et les vêtements, on peut les porter facilement dans la rue sans virer déguisement. J'adore aussi Roseanna, elles ont un vrai parti pris dans leurs imprimés, tu sais tout de suite que c'est elles. Après, dans un autre registre, ce que fait Nike, je trouve ça canon. Ils arrivent à transcender les gens autour de la course, ils sont juste hyper balaises.


Ton mantra ? : "Il faut toujours bien faire ce que l'on fait, même une folie." (Balzac, évidemment).


La clé du succès entrepreneurial ? : Bien s'entourer, se lancer à deux au moins et avoir chacun ses compétences.


Photos du diaporama : Shehan Hanwellage