Comment aider les SDF cet été ?

Publié le Jeudi 21 Juillet 2022
Catherine Rochon
Par Catherine Rochon Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Contrairement aux idées reçues, les personnes sans domicile fixe sont aussi impactées en été qu'en hiver. Et notamment en période de canicule. Voici comment leur venir en aide pendant les fortes chaleurs.
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Alors que la France a connu une vague de chaleur record ces derniers jours et que les messages de prévention se sont multipliés, notamment en direction des personnes âgées et fragilisées, une frange de la population semble une fois encore laissée à la marge : les personnes sans domicile fixe. Pourtant, les sans-abri figurent parmi les populations les plus exposées aux fortes chaleurs, comme le martèle l'association La Cloche.

"Contrairement aux idées reçues, l'été et la chaleur sont particulièrement compliqués et risqués pour les quelques 300 000 personnes sans domicile en France, qu'elles soient à la rue, en logement de fortune, dans des bidonvilles, en hébergement d'urgence ou de réinsertion sociale. La majorité se trouvant dans des grandes villes, où les espaces ombragés sont rares", nous explique Margaux Gaillard, déléguée générale à La Cloche.

"Être à la rue est déjà un facteur de risque en lui-même : davantage de pathologies, moins d'accès aux soins et au système de santé, manque d'accès aux informations et aux messages de prévention. Et les facteurs de risques sur la santé sont aussi présents lors des épisodes de forte chaleur que de froid : hyperthermie, déshydratation, insolation due au manque d'espaces pour s'abriter du soleil..."

"Les personnes sans domicile subissent une double peine"

Selon La Cloche, décembre, février, mai et juillet seraient les quatre mois les plus éprouvants lorsque l'on vit dans la rue. Le Collectif Morts De la Rue (CMDR) avait recensé 4876 décès de personnes sans domicile de 2012 à 2020. 26% seraient survenus l'hiver, 22% au printemps, 22% l'été, 25% l'automne, et 5% sans indication sur la période du décès, note TF1. Ainsi, si le taux de mortalité dans la rue reste relativement stable toute l'année, les canicules peuvent s'avérer fatales pour ces personnes vulnérables qui hantent les villes désertées par les habitants durant la période estivale.

"Il y a très peu de différence entre l'été et l'hiver concernant les décès que nous apprenons", souligne le Collectif les morts de la rue auprès de CheckNews. "Ce ne sont pas les saisons ou les conditions climatiques qui tuent mais plutôt les mauvaises conditions de vie."

"Durant les mois de juillet et août, les personnes sans domicile subissent une double peine : les habitants sont finalement très peu sensibilisés aux difficultés de la vie à la rue l'été et donc moins propices à se mobiliser et aider", renchérit Margaux Gaillard.

A cela s'ajoutent un manque d'accès aux services et produits de première nécessité comme l'eau, la nourriture ou les soins, la plupart des associations et de structures d'accueil fermant durant les mois d'été ou tournant à effectifs réduits du fait des congés des salariés et/ou bénévoles. "L'accès aux dispositifs d'hébergement est par ailleurs lui-même saturé. Si l'hiver, des plans sont mis en place dans la plupart des zones urbaines, l'été, ce n'est habituellement pas le cas", précise Margaux Gaillard de La Cloche.

C'est pour interpeller le grand public face à ce drame qui se noue en silence durant les grandes vacances que l'association a lancé une campagne de sensibilisation comprenant des événements et des formations citoyennes à travers toute la France.

Comment aider ?

Mais alors que le thermomètre grimpe, comment agir à son petit niveau pour venir en aide et soutenir les personnes sans domicile fixe éprouvées durant cette période ?

"Vous pouvez proposer de quoi se rafraîchir et se protéger. Offrez des bouteilles d'eau fraîche, des brumisateurs, des casquettes, de la crème solaire ou encore un parapluie", conseille Margaux Gaillard. "Attention, ne présumez pas des besoins des personnes sans domicile que vous croisez. Le mieux est d'entamer une discussion et d'en profiter pour demander ce dont la personne a besoin."

Autre conseil : partager la liste du réseau des commerçant·es solidaires du Carillon. Dans ces endroits accueillants, la personne pourra par exemple recharger son téléphone, boire un verre d'eau, accéder aux toilettes, bénéficier du Wifi, imprimer ou photocopier des papiers administratifs, réchauffer un plat au micro-ondes ou encore déposer des affaires. "Vous pouvez repérer les commerces proches de votre situation géographique en quelques clics et accompagner la personne avec laquelle vous êtes dans un commerce", suggère Margaux Gaillard.

Et enfin, il ne faut pas hésiter à orienter la personne sans domicile fixe vers des lieux publics où se rafraîchir comme des parcs, des jardins publics, des fontaines d'eau potable, des médiathèques ou encore des mairies (certaines mettant des salles climatisées à disposition). Il existe également des listes d'îlots de fraîcheur installés dans de nombreuses municipalités.