L'image est belle.
En remportant la médaille d'argent à l'épreuve paralympique du contre-la-montre sur piste, Marie Patouillet, déjà multimédaillée, n'a pas caché son enthousiasme à ces Jeux de Paris 2024... Et son public de l'acclamer en retour. Il faut dire que cette victoire argentée n'est pas anodine : la sportive est lesbienne, et profondément engagée pour la communauté LGBTQ.
"Je l'offre à Grégory Baugé cette médaille, mon entraîneur depuis six ans qui malgré tous les dires, toutes les idées reçues ne m'a jamais laissé tomber sur le 500. Je dédie aussi cette médaille à ma femme !", est ainsi venue clamer la sportive. Une belle déclaration d'amour.
Quadruple vice-championne du monde du contre-la-montre sur piste, double médaillée de bronze à Tokyo, championne du monde sur route, l'as du vélo, née avec une malformation au pied et à la cheville gauche, a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux en dédiant sa victoire à sa femme. Celle qui n'a eu de cesse depuis 2019 de se battre pour davantage d'exploits au guidon s'est permise une action des plus inspirantes : apporter de la visibilité aux personnes queer en situation de handicap, lesquelles souffrent volontiers d'un phénomène... De double-exclusion.
"Il faut prendre la parole, rendre visibles le plus possible les athlètes de la communauté LGBT+, la diversité qui existe. Ce qui est triste, c’est qu'on voit qu’il y a un grand nombre d’athlètes qui sont out dans leur vie personnelle, mais qui ne le sont pas dans leur sport", expliquait-elle en octobre 2023, comme le relatent nos confrères de franceinfo. "On va mettre en avant l’inclusion du handicap – ce qui est vrai –, mais on va en oublier de parler du racisme, du sexisme, de l’homophobie...", poursuivait à ce titre la sportive dans les pages du magazine féministe Causette.
Mais la médaillée ne s'arrête pas là !
La sportive de 36 ans ne se contente effectivement pas de régner sur la piste du Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle n'hésite pas à "dire les termes" sur les sujets qui comptent, comme la visibilité lesbienne (dans un milieu où faire son coming out est toujours aussi éprouvant), l'inclusion, la lutte contre l'homophobie et la lesbophobie...
Sur son compte Instagram notamment la championne handisport prend volontiers position. Et dans les médias !
A Causette toujours, cette ancienne médecin militaire et capitaine de l'armée française le clamait haut et fort : "Il faut prendre la parole, rendre visibles le plus possible les athlètes de la communauté LGBTQIA+, la diversité qui existe. Ce qui est triste, c’est qu’on voit qu’il y a un grand nombre d’athlètes qui sont 'out' dans leur vie personnelle, mais qui ne le sont pas dans leur sport... Il faut visibiliser chaque forme d’orientation sexuelle pour qu’à terme, dans un monde encore utopique, elles prennent la même place que l’hétérosexualité”.
"C’est compliqué d’envisager des Jeux d’un point de vue militant puisqu’on est régi par des lois qui nous imposent de ne pas prendre position sur des combats sociopolitiques. Par exemple, la coloration arc-en-ciel que j’avais au Championnat du monde, c’est pour ça que je l’ai fait à ce moment-là, je sais que je n’aurai pas le droit de la faire à Paris, sous peine d’être exclue de la course. Je veux garder un pied dans la lutte contre le sexisme et la LGBTQIA-phobie. Ce sont des sujets qui me tiennent vraiment à cœur et que je ne veux pas lâcher, même si j’arrête le sport intensif"
Mais la sportive tient aussi à dénoncer le validisme, les discriminations et la stigmatisation dont sont victimes les personnes en situation de handicap dans une société pensée et spécialement concçue pour les personnes dites valides... Oui oui, cette stigmatisation touche aussi largement les athlètes !
"Ce n’est pas parce qu’on est au point sur une forme de lutte contre les discriminations qu’on est au point sur le reste. C’est pour ça que c’est important pour moi de prendre la parole, en tant qu’athlète paralympique, sur une autre forme de discrimination que celle du handicap", énonce-t-elle ainsi dans les pages de Causette.
Une figure sportive déjà iconique pour la communauté LGBTQ.
Et le magazine LGBT Têtu de s'en réjouir : "Cocorico les lesbiennes !". Nommée par la revue Personnalité sportive de l'année en 2023, la cycliste s'était à l'unisson enthousiasmée : "Je suis aussi fière de recevoir ce prix que de recevoir une médaille. Ça donne de la visibilité aux femmes paralympiques, lesbiennes, ce qui fait pas mal de discriminations en une phrase..."
CQFD.