C'est le rendez-vous incontournable des amoureux du théâtre, quelle que soit la forme que prend l'art scénique.
Jusqu'au 26 juillet, on déambule au Festival d'Avignon et, au détour des rues et des tractages, dégote les pièces à ne surtout pas louper durant ce mois de représentations très vivantes.
Entre émotion et engagement, intime et politique, sujets de société très controversés et sensibilité à fleur de peau, on vous dévoile notre sélection très éclectique du meilleur de la programmation OFF. Un bon aperçu du panel de créations nichées au coeur de la ville du sud-est de la France.
Suivez le guide !
© Agence ZEF
Sous ce nom mystérieux, un sujet très controversé, sulfureux, même : celui des accompagnants sexuels. Déjà illustré au cinéma (The Sessions avec Helen Hunt dans l'un des rôles les plus marquantes de sa carrière), sujet d'émissions suscitant d'exacerbées réactions, le thème ne pouvait que s'illustrer de plus belle sur les planches.
Ainsi se dévoile le multi primé Tous les autres, qui aborde frontalement ce non-dit sans provocation mais via la sensibilité de ces comédiens. Une pièce pas comme les autres justement, qui brise le silence sur la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap, en racontant l'histoire d’amour entre Clémence, femme paraplégique, et Antoine, son accompagnant sexuel.
Par-delà son audace, la pièce ne se veut "ni tribune ni plaidoyer".
A découvrir à l'espace Artéphile d'Avignon du 19 au 27 juillet à 15h55. Réservations et informations ici.
© La Compagnie Jacqueline - L.A Prod
Au Théâtre du Roi René, on file découvrir cette fiction scénique qui oscille entre reconstitution historique dépaysante et imaginaire populaire fantasmagorique... Et sanglant.
La pièce choisit effectivement de réinventer l’affaire sordide et irrésolue des siècles plus tard de Jack l’Éventreur. C'est ainsi en 1888 à Londres que le public se retrouve projeté, non pas du point de vue de Scotland Yard, mais depuis une maison close. Lieu de débauche sulfureux où un groupe de travailleuses du sexe naturellement marginalisées débat passionnément dans le but de traquer le meurtrier.
Et pour cause : Jack l'éventreur, ou Jack The Ripper dans la langue de Shakespeare, avait fait des travailleuses du sexe d'Angleterre ses principales victimes, forcément ignorés, méprisées et silenciées dans cette société patriarcale. Vous le devinez, le propos est très actuel...
Autant qu'il permet d'aborder un mythe macabre sous un angle inédit. Les oeuvres sur le sujet, tel le "From Hell" d'Alan Moore (ou son adaptation filmique avec Johnny Depp) ayant peu de considération pour la gent féminine. Et l'estime accordée aux "TDS" au 21ème siècle semble toujours autant aux abonnés absents qu'en ce Londres vintage. Un véritable regard féminin, inédit et bienvenu, porté sur l'horreur.
A voir au Théâtre du Roi René, Salle du Roi, jusqu'au 26 juillet. Tous les jours à 13h20 - Relâche les mercredis. Réservation et informations sur le spectacle à retrouver ici.
© DR
Derrière ce titre faisant curieusement écho au roman éponyme d'Amélie Nothomb, ni plus ni moins qu'un "hymne à la vie", scandent ses auteurs. Forcément dès qu'il est question de vie, il est paradoxalement question de mort : ainsi ce "Voyage d'hiver" aborde-t-il l’accompagnement familial dans la maladie.
La pièce met précisément en scène la manière dont les proches, lorsqu'ils sont confrontés à la fin prochaine d’un être cher, envisagent l'existence et le rapport à l'autre sous un nouveau jour. Une création des plus pertinentes à l'heure où l'appel à l'empathie est devenu, plus qu'une formulation candide, un véritable geste intime et politique !
A découvrir à l'espace Artéphile d'Avignon à 20h35 du 18 au 26 juillet à 15h55. Réservations et informations ici.
© Matthieu Rapilly
Qu'en est-il de ce postulat épistolaire ?
Lettres à Anne, en vérité, devrait renvoyer toute une partie du public à sa relation intime avec la politique hexagonale.
Car il s'agit simplement d'ne plongée dans la correspondance amoureuse que François Mitterrand a établi avec Anne Pingeot de 1962 à 1995. Le vrai sujet de cette pièce à deux, échange d'encre noir qui prend vie sous nos yeux, ce n'est pas "Tonton", l'éternelle silhouette à l'écharpe rouge, mais bel et bien son amante.
Tout comme la correspondance Maria Casarès/Albert Camus, étalée de 1944 à 1959 et éditée en livres, permet d'esquisser la personnalité d'une femme forte et exaltée, ces Lettres à Anne donnent le la à Anne Pingeot, idylle passionnée et puissante, loin de laisser l'amour mettre à mal sa propre singularité et la façon, si vivante, dont elle l'exprime sur le papier.
Une relation d'où émanera une autre plume, forte : celle de Mazarine.
A découvrir à 17h30 à La Scala Provence (La Scala 100) du 18 au 27 juillet 2025. Réservations et informations pratiques ici.
© Jules Despretz
Un nom qui en dit déjà long sur une certaine tonalité politique, piquante. Et pour cause !
La pièce de Samuel Valensi et Paul‑Éloi Forget est effectivement une comédie satirique qui décortique la démocratie française, mais également, sujet toujours d'autant d'actualité s'il en est, la désindustrialisation. Tout un programme, passé au crible de l'humour, volontiers féroce et contestataire. Qui a dit qu'on ne pouvait plus rire de tout ? Voilà une manière de démontrer le contraire avec un esprit typiquement français.
Un vent de liberté souffle, comme chaque année, sur Avignon.
A découvrir au 11 Avignon, Salle 1.