Pourquoi vous devriez vous foutre de votre poids en ce moment

Publié le Mercredi 08 Avril 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Pourquoi vous devriez vous foutre de votre poids pendant cette période
Pourquoi vous devriez vous foutre de votre poids pendant cette période
La situation est déjà suffisamment stressante comme ça pour qu'on s'inflige une pression supplémentaire : celle de ne pas prendre de poids, voire d'en perdre à coups de séances de sport quotidiennes. Et plusieurs personnalités ont su mettre les mots justes sur cette culpabilité nocive.
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S'il y a bien une chose sur laquelle on peut s'accorder en ce moment, c'est qu'être confiné·e donne souvent envie de bouffer. Toute la journée. On se met à faire la cuisine, à grignoter, à se concocter des plats rapides entre deux marathons de séries ou de devoirs des enfants - qu'on occupe aussi en préparant des cookies qu'on finit par engloutir. Le plaisir culinaire est à son apogée. Miam.

Seulement, avec cette frénésie gourmande vient aussi l'incitation peu subtile à ne surtout pas oublier de faire du sport pour rester mince. "Comment ne pas devenir obèse pendant le confinement", titrait même BFM, conseils de Marc Veyrat à l'appui, avant de se prendre un tollé justifié face à une grossophobie assumée. Comme si prendre quelques kilos était un mal sournois contre lequel il fallait absolument se battre, alors qu'une crise sanitaire mondiale inquiète des milliards et tue des milliers. On pensait que la situation actuelle était déjà assez angoissante pour qu'on nous foute la paix, à tort. Et pour mettre des mots justes sur une frustration généralisée, Jameela Jamil a pris la parole sur les réseaux sociaux.

"Survivez simplement"

"Si vous galérez avec votre poids et votre image dans un moment où vous prenez de nouvelles habitudes alimentaires, où vous faites moins d'exercice et perdez le contrôle de manière générale", écrit l'actrice britannique sur Twitter, "Essayez de respirer et sachez que votre priorité est seulement de rester en sécurité et de protéger les autres, pas d'être mince."

Sur Instagram, elle a également republié une photo d'elle assise à l'arrière d'une voiture, sa jupe relevée sur ses cuisses et sa cellulite, encourageant ses abonné·e·s à "aimer ce que leur corps peut faire" plutôt que de se concentrer sur les parties qui ne correspondent pas aux standards de beauté. "Sachez que même les actrices minces sont couvertes de bourrelets, de cellulite et de vergetures. Vous oubliez tout ça à cause des conneries de retouches. Ne vous préoccupez pas de perdre du poids en ce moment... Survivez simplement."

Jameela Jamil a raison : le nouveau coronavirus est la véritable urgence, et le confinement assez éprouvant comme ça pour que les femmes aient encore à se soucier de leur apparence.

Se rappeler de ce qui a du sens

En France, Louise Aubery, influenceuse et créatrice du podcast In Power, s'est également exprimée sur le sujet. Ou plutôt son ras le bol face aux injonctions qui persistent, même en période de crise. "J'en ai marre de voir les 'CONSEILS POUR GARDER LA LIGNE !!' pendant le confinement", légende-t-elle sous une photo où on la voit assise en sous-vêtements devant un miroir, les mots "Tu as le droit de prendre du poids" écrits sur la glace au rouge à lèvres.

"J'en ai marre de voir les injonctions à 'manger léger'. À 'faire attention'. À 'surveiller'. Non mais sérieusement ? Des gens sont en train de mourir, et il y a encore toute une industrie qui s'acharne à nous faire culpabiliser dès qu'elle en a l'opportunité. Cette période est déjà assez merdique comme ça pour qu'en plus on nous fasse culpabiliser de manger ce qui nous fait plaisir."

Elle martèle ces mots comme pour libérer les autres de conseils empoisonnés : "Tu n'as pas besoin de faire de régime. Tu n'as pas besoin de te restreindre. Tu n'as pas besoin de te prendre la tête avec ce qui devrait être une source de plaisir, pas une source de stress." Et rappelle l'essentiel : "Focalise toi plutôt sur ce que tu peux faire en cette période. Qui tu peux aider. Ce que tu peux accomplir. Ça, ça a vraiment du sens".

Alors, plutôt que de se demander si c'est bien raisonnable de finir le paquet de Petits Écoliers à 11 heures, on se pose une autre question : est-ce que ça nous fait du bien ? Et si la réponse est oui, pas de raison de se priver. L'important, en ce moment, c'est de se préserver aussi bien sa santé physique que mentale. Pas de culpabiliser en pensant à sa silhouette post-confinement.