IVG : le Conseil de l'Europe épingle les lois "rétrogrades" d'une dizaine de pays

Publié le Mardi 05 Décembre 2017
Photo d'illustration d'un personnel médical donnant la pilule.
Photo d'illustration d'un personnel médical donnant la pilule.
Le Conseil de l'Europe a rendu un rapport alarmant ce mardi, concernant les lois restrictives de certains Etats membres en matière d'accès à la contraception et à l'avortement. Une quinzaine de pays ont été épinglés, parmi lesquels les 8 Etats qui interdisent l'IVG et poussent les femmes à voyager à l'étranger ou à avorter clandestinement.
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Un rapport du Conseil de l'Europe, publié ce mardi (5 décembre), dénonce les législations restrictives en matière d'accès à la contraception et à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) de plusieurs Etats membres. "Dans certains pays, les lois et les politiques menées violent, limitent ou mettent en cause les droits des femmes à exercer leur vie sexuelle et reproductive sans mettre en péril leur santé", souligne Nils Muiznieks, le commissaire européen aux droits de l'homme. Si certains pays européens sont parmi les plus avancés dans ce domaine, le Conseil de l'Europe dénonce des "restrictions rétrogrades" en Arménie, Macédoine, Russie, Slovaquie et Géorgie où ont récemment été adoptées "des mesures renforçant les critères à remplir pour les femmes afin d'avoir accès à l'avortement".

Obligées d'avorter dans un autre pays

Sur les 47 pays membres, lesquels regroupent 820 millions de citoyens, l'interruption volontaire de grossesse est interdite (sauf en cas de danger pour la vie de la mère ou de viol) en Irlande, Irlande du Nord, Pologne, à Saint-Marin, Monaco, Malte, Andorre et au Liechtenstein. "Les conséquences de ces lois sur la santé et les droits de l'homme sont graves", estime le commissaire. Ces législations restrictives poussent en effet les femmes à voyager à l'étranger pour avorter légalement ou à le faire clandestinement lorsqu'elles n'ont pas les moyens et les dissuadent de se faire soigner en cas de complications, de peur d'être découvertes par les autorités.

En 2015, la Constitution irlandaise, qui confère à un foetus les mêmes droits qu'un citoyen, a poussé 25 000 jeunes filles et femmes à quitter le pays pour avorter.

En Italie, plus de la moitié des professionnels de santé invoquent une clause de conscience pour justifier leur refus d'avorter une patiente. En Turquie, les femmes sont obligées d'avoir l'accord de leur mari. "L'avortement doit être légal à la demande d'une femme en début de grossesse et jusqu'à son terme si cela peut protéger sa vie ou si elle risque d'être maltraitée", insiste Nils Muiznieks, qui juge "essentiel de supprimer la nécessité d'autorisation par un tiers".

L'accès limité à un moyen de contraception

La contraception est également un problème dans de nombreux pays. Le document épingle notamment la Pologne, où une loi a "réintroduit l'obligation d'obtenir une prescription médicale pour accéder à un moyen de contraception d'urgence". "Dans quelques pays européens, tels que l'Albanie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Bosnie-Herzégovine, le taux de femmes utilisant un moyen de contraception moderne est parmi les plus bas du monde", conclut le rapport.