Kathy Bates est une légende.
On la connaît naturellement pour le rôle de sa vie : Annie Wilkes dans Misery, thriller anxiogène au possible, portrait de femme pas vraiment comme les autres (fangirl absolue qui torture son écrivain préféré), et surtout, l'une des meilleures adaptations à l'écran de Stephen King - aux côtés du tout récent The Life of Chuck. Avec cette partition, Bates a traumatisé des générations entières, tétanisante en psychopathe légèrement trop geek.
Mais Bates, c'est aussi un film féministe, culte, surtout outre atlantique : Beignets de tomates vertes, ode tragique à la sororité. Ou encore, Dolores Clairbone, autre adaptation de King, autre portrait de femmes, et récit féministe, qui dénonce les violences conjugales. Bref, une grande comédienne qui brille également par son étonnante humilité.
Qui vient de nouveau, en toute discrétion, de rentrer dans l'Histoire...
Nommée aux Emmy Awards 2025 dans la catégorie des Meilleures actrices concourant pour une partition dramatique (gratification émise à propos de sa performance dans le reboot d'une série vintage culte, Matlock, diffusée sur CBS), Kathy Bates bouscule encore les lignes en tutoyant cette catégorie à 77 ans. Jamais une actrice aussi âgée n'a pu prétendre être nommée dans cette catégorie précise.
Une réponse cinglante à l'âgisme, autrement dit, la stigmatisation, l'exclusion, voire l'invisibilisation, des personnes âgées, et notamment des femmes... Phénomène discriminant qui touche la moitié de la population dès ses 40 ans, oui oui. A Hollywood notamment, l'âgisme est très banalisé, ce qui n'est guère étonnant dans un milieu qui ne s'est jamais émancipé du culte du jeunisme et de certains diktats de beauté inatteignables. Et beaucoup dénoncent cet état des faits sexistes depuis plusieurs années : Halle Berry, Sharon Stone, Geena Davis, Kate Winslet...
Personnalités féministes, à l'unisson de cette Kathy Bates emblématique.
Qui pourrait bien remporter ce précieux sésame, et ainsi, faire date.
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