"Enfin", "Il n'aurait jamais dû sortir de prison", "Merci au documentaire qui a contribué à réveiller les consciences"
Elles abondent, les réactions exacerbées, face à cette information capitale : le parquet de Bordeaux a décidé de rouvrir le dossier dédié au suicide en 2010 de Krisztina Rády, la compagne de Bertrand Cantat et mère de ses enfants.
Quinze ans après le décès de Krisztina Rády donc, qui s’était suicidée, le 10 janvier 2010, dans le domicile qu'occupait également le chanteur de Noir Désir lors du drame. Aujourd'hui, le parquet de Bordeaux rouvre donc ce dossier sous la forme d'une enquête préliminaire pour violences volontaires par conjoint.
Le grand enjeu est donc de définir précisément les circonstances de cette mort. Et c'est une affaire très controversée, très polémique, qui refait surface... Une affaire qui suscite de grands débats depuis des années déjà.
On vous explique tout en détails.
Le magistrat Philippe Laflaquière, juge d'application des peines, avait accordé la liberté conditionnelle à Bertrand Cantat en 2007.
Il y a quelques mois, suite au succès du tout récent et très visionné documentaire dédié au chanteur et au féminicide de Marie Trintignant, il avait exprimé ses regrets sur le plateau de C à Vous, en abordant ouvertement la mort de Krisztina Rady.
"Krisztina venait très régulièrement le voir au parloir. Si elle avait fait le choix de déposer plainte en 2010, il serait probablement reparti en prison... Quand j'ai appris le suicide, j'ai été vraiment bouleversé. Il y a eu tout de suite des interrogations assez douloureuses. Si les faits avaient été dénoncés ou si Krisztina avait porté plainte, il est à peu près certain que la conditionnelle aurait été révoquée"
"C'est vrai qu'avec le recul, je me dis que je me suis trompé, que l'on s'est trompé sur la perception de sa psychologie", s'attriste encore le magistrat Philippe Laflaquière. Comme tout le monde, l'impression était très favorable suite à ses années de prison. L'experte psychiatre a dépeint Bertrand Cantat comme immature affectivement, présentant une fragilité narcissique, une dépendance affective, mais sans trouble psychopathique"
En vérité, le suicide de la compagne, qui a été retrouvée pendue à son domicile, avait fait l'objet d'une enquête préliminaire pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner" en 2018 par le parquet de Bordeaux mais également de plusieurs autres enquêtes, journalistiques celles-ci, passant au crible théories et entourage de l'artiste rock...
Dans une enquête du Point, revenant sur ces faits, c'est carrément un membre de Noir Désir qui témoigne, et ses propos suggèrent une forme de dangerosité émanant du chanteur, à son encontre : "Krisztina m'a demandé, à moi et à tous les autres membres du groupe, de cacher ce que l'on savait, que c'était un homme violent. Je savais qu'il avait frappé la femme avec qui il était avant Krisztina. Je savais qu'il avait tenté d'étrangler sa compagne, en 1989. Je savais qu'il avait frappé Krisztina. Mais, ce jour-là, nous avons tous décidé de mentir. Nous étions tous sous son emprise. Et nous pensions qu'il se soignerait"
L'Humanité détaille encore dans une autre enquête à ce sujet : "Kristina Rady s’est suicidée, le 10 janvier 2010, après avoir passé des mois d’enfer à côté de Cantat, lancé des messages de détresse, à son amoureux, à ses parents. Mais elle n’a pas porté plainte, croyant ainsi protéger ses enfants. Aucune enquête n’est menée, malgré le pedigree de Cantat, et c’est même encore une fois le chanteur qui est plaint dans les journaux".
Des témoignages accablants. Qui provoquent de fortes réactions sur les réseaux sociaux aujourd'hui : "Enfin! Bravo au documentaire de Anne-Sophie Jahn sur Netflix qui a dû contribuer à réveiller les consciences", "Mieux vaut tard que jamais", "Justice pour Kristina !", "Pensée pour Marie Trintignant également, victime d'un féminicide de la part de Bertrant Cantat également, le 1er août 2003."