Le meurtre de Christina Yuna Lee, nouveau signe du racisme antiasiatique aux Etats-Unis ?

Publié le Jeudi 17 Février 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Une manifestation contre les crimes de haine contre les Asiatiques sur le pont de Brooklyn à New York, le 4 avril 2021.
Une manifestation contre les crimes de haine contre les Asiatiques sur le pont de Brooklyn à New York, le 4 avril 2021.
Christina Yuna Lee était américaine d'origine coréenne, a été assassinée à coups de poignard chez elle, à New York. Aux Etats-Unis, son meurtre a ravivé une vague d'indignation dénonçant la montée des crimes et du racisme antiasiatiques depuis le début de la pandémie.
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Elle avait 35 ans quand elle a été retrouvée sans vie dans sa salle de bain, son corps portant la trace d'au moins 40 coups de couteau. Christina Yuna Lee vivait dans le quartier de Chinatown, à New York, et travaillait au sein d'une plateforme musicale locale. "Elle espérait entamer des conversations sur la diversité et les opportunités pour les créateurs de tous horizons dans notre entreprise", ont déclaré ses collègues au New York Post, précisant qu'elle avait débuté dans leur compagnie le jour de la tuerie de trois femmes asiatiques dans un institut à Atlanta. Elle aurait été suivie jusqu'à chez elle par son meurtrier alors qu'elle rentrait la nuit de samedi 12 à dimanche 13 février.

Le principal suspect est un homme de 25 ans, nommé Assamad Nash. L'enquête estime que l'attaque aurait été à caractère sexuel, note Paris Match dans un article détaillé, mais les autorités tentent encore de déterminer si l'origine de la victime, qui était américano-coréenne, aurait été elle aussi visée.

"Nous devons nous assurer que tout le monde est en sécurité dans notre Etat"

Depuis le début de la pandémie, les démonstrations de racisme antiasiatique ont largement augmenté, avec une croissance de 1 300 % de crimes à l'encontre d'Asio-américain·es constatée par la NYPD, la police de New York, en mars 2021. Pour certaines figures politiques en tout cas, ça ne fait aucun doute : c'est une attaque qui ciblait directement cette communauté.

"Voilà la définition d'un crime horrible. Nous sommes aux côtés de la communauté asiatique aujourd'hui", a déclaré dimanche 13 février le maire de New York, Eric Adams. "Nous avons vu trop de violences envers cette communauté à New York ces derniers mois", a renchéri la gouverneure de l'Etat Kathy Hochul. "Nous devons nous assurer que tout le monde est en sécurité dans notre Etat".

Quelques semaines avant la mort de Christina Yuna Lee, Michelle Alyssa Go, également asio-américaine, a perdu la vie après avoir été poussée devant une rame de métro, à la station Times Square. Une vague d'indignation a réémergé suite à ces deux drames, et un mémorial érigé en l'honneur de la jeune femme assassinée à son domicile dans la rue où elle habitait. Mémorial qui a été saccagé durant la nuit de mercredi 16 février.

"Ce matin, les bougies que nous avons tous allumées pour elle pendant la veillée organisée en son honneur et que nous avons tous laissées ici ont été détruites", déplore Brian Chin, ancien propriétaire de la victime. "Le panneau Stop à la haine asiatique a été déchiré. Une enseigne a été déchirée. Je l'ai jetée". Un acte odieux qui ne fait que renforcer le sentiment de colère, et surtout d'insécurité auxquels sont confrontées les populations asiatiques aux Etats-Unis.