Pourquoi les footballeuses françaises ne veulent plus de short blanc

Publié le Mardi 26 Juillet 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
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Pourquoi les footballeuses françaises ne veulent plus de short blanc
Les équipes féminines de foot française et anglaise réclament à leur équipementier de concevoir leurs tenues en fonction de leurs cycles menstruels. Et notamment dans le choix des couleurs.
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L'explosion de la médiatisation des compétitions féminines de foot (et des disciplines féminines en général) permet de mettre en lumière des sujets relatifs aux femmes athlètes, et en l'occurrence, la pratique d'un sport de haut niveau pendant ses règles. Une toute récente enquête de la marque Intimina avec Censuwide auprès d'un échantillon de 1 000 sportives françaises (professionnelles et amatrices) sur le rapport entre le sport et leurs menstruations a révélé que 61 % des femmes ont déjà manqué une activité sportive à cause de leurs règles et que 51 % craignaient les fuites.

Ce 22 juillet, à l'occasion de l'Euro féminin de foot, des joueuses anglaises et françaises ont justement évoqué ce tabou, en demandant à Nike, leur sponsor, d'adapter leur équipement à leurs cycles menstruels. "C'est très bien d'avoir une tenue entièrement blanche, mais ce n'est pas forcément adapté quand nous avons nos règles", a confié Beth Mead, attaquante de l'équipe d'Angleterre, au Telegraph. "On essaye de gérer ça comme on peut".

Wendie Renard, capitaine des Bleues qui sont elles aussi habillées par la marque américaine, a appuyé cette demande lors d'une conférence de presse : "Effectivement, ce n'est pas évident, comme peut-être vos soeurs, vos mamans, de jouer avec un short blanc", a déclaré la footballeuse française. "On s'adapte, on est des joueuses de haut niveau et malheureusement, nous avons ça. Ça fait partie de notre vie. Mais c'est vrai que c'est une bonne chose, je félicite les Anglaises pour ça. S'ils peuvent faire de même pour nous, ça serait cool."

Face à ces demandes, la Fédération anglaise a affirmé travailler à une solution. "Nous reconnaissons l'importance de cette demande et souhaitons que nos joueuses ressentent notre plein soutien à ce sujet", a expliqué un porte-parole auprès Telegraph. "Tout commentaire de leur part sera pris en considération pour les conceptions futures. Nous continuerons à travailler en étroite consultation avec notre partenaire Nike, tout en suivant les conseils des organisateurs du tournoi dans la mesure du possible en termes de choix de couleurs."

Les joueuses de tennis étaient déjà montées au créneau lors du dernier Wimbledon pour protester contre le dress-code blanc du tournoi.

"Les règles ne doivent pas être synonymes d'arrêt du sport"

Une initiative qui s'inscrit dans une ère de changement des tenues de sport, souligne au média Dr Carole Maitre, gynécologue-médecin du sport à l'INSEP. "Pour les pratiquantes de sports collectifs ou individuels, les tenues ont évolué depuis les vingt dernières années", estime-t-elle auprès du média, mentionnant notamment les culottes menstruelles. Et d'ajouter : "Les règles ne doivent pas être synonymes d'arrêt du sport, il vaut mieux limiter les efforts d'endurance et se concentrer sur le renforcement musculaire, la technique ou faire du fractionné".

Quoiqu'il en soit, il est essentiel de prendre en compte le fait que les cycles menstruels, à cause du taux de globules rouges et de fer en baisse lors des règles, interfèrent avec les performances de haut niveau, explique la spécialiste. Particulièrement lorsqu'une fatigue physique et mentale est constatée. Heureusement, ces symptômes sont de plus en plus abordés librement, et les avancées qui en résultent contribuent sans hésiter à bâtir un monde plus égalitaire.