Féminicide de Cavaillon : la victime n'avait pas souhaité porter plainte le matin du drame

Publié le Jeudi 28 Juillet 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
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Plus de 30 coups de couteau ont été portés au visage et au thorax d'une femme de 50 ans sur le parking de son lieu de travail, lundi 25 juillet, à Cavaillon. Son compagnon a reconnu être l'auteur du féminicide dans la foulée.
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Il s'agit du 62e féminicide depuis le début de l'année. Lundi 25 juillet, entre 12 heures et 12 heures 15, l'auteur présumé des faits et compagnon de la victime, est arrivé sur le lieu de travail de cette dernière, rapporte la procureure de la République d'Avignon. Sur le parking de l'entreprise Sterne située à Cavaillon (Vaucluse), exactement.

"Au même moment, sa compagne, employée de cette société spécialisée dans la fabrication de la silicone, prend sa pause déjeuner, tente de s'approcher du véhicule de son compagnon pour vérifier s'il s'y trouve, puis regagne son propre véhicule et y pénètre côté passager avant", décrit un communiqué. "Alors qu'elle est assise, le mis en cause arrive en courant et lui assène plus d'une trentaine de coups de couteau au niveau du thorax et du visage". 37 plaies dont 6 mortelles, révèlent les premières conclusions du médecin légiste.

"Plusieurs employés de l'entreprise ont été témoins de la scène et l'un d'entre eux a tenté de s'interposer, sans parvenir à extraire le mis en cause du véhicule", précise encore le texte. "Il est ensuite parti chercher du renfort et à son retour a constaté que le mis en cause s'était enfui à bord de son véhicule". Interpellé à son domicile peu après les faits "alors qu'il tentait de mettre fin à ses jours à l'aide d'une arme à feu qui se serait enrayée", il a été placé en garde à vue et a reconnu être l'auteur du crime.

"Pas d'antécédents judiciaires"

A savoir par ailleurs, souligne la procureure, que l'homme n'avait "pas d'antécédent judiciaires" et qu'il "n'avait pas été signalé de violences antérieures, au sein du couple."

"C'est seulement le matin des faits, vers 6 heures, que les gendarmes sont intervenus au domicile de la victime suite à l'appel d'un voisin, témoin de violences à l'intérieur de l'appartement de cette dernière, laquelle avait émis le souhait de quitter son compagnon", développe-t-elle. Et d'ajouter : "lorsque les enquêteurs se sont rendus sur place, la victime n'a pas souhaité déposer plainte et ils ont quitté les lieux après le départ de la victime pour son lieu de travail".

Une décision qui, selon le rapport de l'ONDRP relayé par Marie Claire, serait majoritaire parmi les victimes. Plus de 80 % des personnes ayant subi des violences conjugales n'ont prévenu ni la police ni la gendarmerie. Et "seulement la moitié de celles qui ont trouvé le courage de briser la loi du silence ont porté plainte", note le média.

- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.

- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.