Une femme enceinte tuée par balles, son ex-conjoint interpellé

Publié le Lundi 05 Août 2019
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Une femme enceinte tuée par balle, son ex-conjoint interpellé
Une femme enceinte tuée par balle, son ex-conjoint interpellé
Elle avait 29 ans et était enceinte de 5 mois. Ce féminicide est le 85e décompté par plusieurs collectifs féministe, depuis le début de l'année.
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Cela s'est passé à Marignane, dans les Bouches-du-Rhône, dimanche 4 août aux alentours de 18h30. A ce moment-là, la jeune femme venait récupérer son fils de 7 ans chez son ex-conjoint. Elle était enceinte de 5 mois de son nouveau compagnon. Elle a été abattue de trois balles, une à la tête et deux dans l'abdomen, alors qu'elle était assise dans sa voiture. Elle mourra des suites de ses blessures, d'après les pompiers. Le suspect principal : son ex-conjoint, qui n'aurait pas supporté qu'elle refasse sa vie, précise L'Obs. Il a été arrêté quelques heures plus tard, vers 22 heures, se rendant à la police alors que les forces de l'ordre l'attendaient devant chez lui. L'homme de 32 ans est depuis en garde à vue.

Ce féminicide intervient deux jours après le meurtre d'une jeune femme par son compagnon à Cayenne. Il s'agit du 85e depuis le début de l'année 2019, selon le groupe Facebook "Féminicides par compagnon ou ex" et le collectif #NousToutes. Un chiffre inadmissible qui ne fait que grossir, et pour lequel certaines affirment que l'Etat français aurait peu de considération.

5 mesures urgentes réclamées au gouvernement

Le 4 juillet, une tribune était publiée dans Le Monde, interpellant le gouvernement et reprochant au président de la République "son silence face aux féminicides". L'article réclamait ainsi 5 actions concrètes de la part de l'exécutif, qui protégeraient davantage les femmes et prendraient réellement en compte ce fléau dont elles sont victimes :

  • Pas de refus de plainte (trop souvent, les femmes ne sont pas écoutées, voire subissent des interrogatoires oppressants lorsqu'elles se rendent au commissariat pour violences conjugales, y lit-on).
  • Fixer des objectifs d'attribution d'ordonnances de protection des femmes menacées et retirer l'autorité parentale des "pères meurtriers" pendant l'instruction.
  • Ouvrir davantage de places d'hébergement dans des centres spécialisés pour les femmes victimes de violences.
  • Les détecter en mettant "en place un plan de détection systématique des violences à l'hôpital", notamment.
  • Et enfin, doubler les subventions des associations.

De son côté, le 6 juillet, le gouvernement a répondu en promettant un "Grenelle des violences conjugales", qui se tiendra le 3 septembre prochain et "réunira les ministres concernés, acteurs de terrain, services publics, associations, familles de victimes", rapporte Libération. La secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a précisé lors d'un entretien avec le JDD qu'il s'agira d'une "mobilisation nationale avec une grande consultation citoyenne et une campagne pour interpeller toute la société". Emmanuel Macron avait quant à lui reconnu dans un message posté sur Facebook que la République n'a "pas su protéger" les victimes de féminicides, et affirmé : "La violence qui vous a coûté la vie nous écoeure, nous révolte".

Lors de la publication de la tribune, on comptait 71 femmes tuées par leur (ex-)conjoint en 2019. Depuis, 14 victimes de plus ont été recensées.