Pourquoi les enfants nés en 2010 sont-ils la cible de moqueries sur les réseaux sociaux ?

Publié le Jeudi 16 Septembre 2021
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
Pourquoi les enfants nés en 2010 sont-ils la cible de moqueries sur les réseaux sociaux ?
Pourquoi les enfants nés en 2010 sont-ils la cible de moqueries sur les réseaux sociaux ?
Une nouvelle tendance inquiète les parents d'élève. Ceux d'enfants nés en 2010, précisément, devenus la cible de harcèlement et de moqueries sur TikTok par les plus grand·e·s. Le but : les intimider, voire les insulter, à leur entrée en 6e.
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Ce mois de septembre 2021 marque une étape-clé pour les enfants nés en 2010. C'est l'entrée en sixième, le passage de l'école primaire au collège, le départ d'un environnement enveloppant et maîtrisé pour arriver dans la cour des grands. Pour certain·e·s, ce changement se passe sans encombres, pour d'autres, il se révèle plus difficile. Aujourd'hui, à en croire plusieurs parents inquiets, il faudra compter sur un nouveau phénomène toxique qui se déploie depuis quelques mois sur les réseaux sociaux.

"Ma fille craint d'aller au collège lundi car les enfants nés en 2010 seraient la cible d'insultes. Ce serait un challenge Tiktok (ou toc toc). Ça vous parle ?", interroge notamment une maman d'élève sur Twitter. Dans La Voix du Nord, sa fille de 11 ans raconte ainsi : "Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, mais je vais au skatepark régulièrement et les plus grands n'arrêtent pas de nous dire, que nous, les 2010, on va se faire frapper et insulter en rentrant au collège lundi à cause de vidéos qu'ont fait d'autres personnes nées en 2010 sur TikTok."

Effectivement, la "trend" ne passe pas inaperçu. Les "2010", comme la génération est appelée, est bien la cible de propos insultants de la part de leurs aîné·e·s. Des collégien·ne·s né·e·s en 2007, 2008, 2009 qui saisissent l'occasion de ne plus être les "petit·e·s" pour s'en prendre à ceux qui viennent d'arriver.

Un hashtag cristallise particulièrement cette prise en grippe : #Anti2010, qui appelle même à "afficher les tenues des 2010 les plus moches" et à "énerver tous les sixièmes", révèle le quotidien régional.

De "charrier" à harceler, il n'y a qu'un pas

Matteo, né en 2008 et rentré en quatrième, confie au journal prendre part à ce qu'il considère encore comme anodin. "C'est vrai qu'on aime bien les charrier sur les réseaux sociaux", lâche-t-il. La raison ? Les "2010" "ne maîtrisent pas encore bien les codes et ils ont parfois des goûts de petits". Peut-être... parce qu'ils et elles le sont encore ?

Au centre des critiques de ces "grands" harceleurs : le jeu Fortnite, les "pop it" (des boules de silicone qui se pressent) ou encore le tube des deux préados du groupe Pink Lily, intitulé Pop It Mania, qui scande : "nées en 2010 et déjà sur toutes les tendances". Au compteur : 4 millions de vues sur Youtube, 281 000 pouces en bas et des commentaires finalement désactivés, un bad buzz qui serait à la source de la vague d'attaques.

Dans un des établissements concernés, le proviseur a décidé d'intervenir, et écrit ce communiqué diffusé sur Twitter par une maman. "Face à notre inquiétude, à celle de nos élèves de sixième et à leurs parents, nous espérons que vous pourrez discuter avec vos enfants afin de les sensibiliser à ces pratiques. Nous passerons dès demain dans les classes afin de prévenir les élèves que des sanctions seront prises envers ceux qui s'adonneraient à ces comportements".

Et puis, les frères et soeurs des enfants ciblés sont monté·e·s au créneau, rappelant les conséquences dévastatrices du harcèlement, en ligne comme au collège. "Ma soeur, c'est une '2010'. Elle se fait insulter tout le temps, pour aucune raison ! Juste à cause d'une date de naissance... Réfléchissez comme ça peut blesser une personne, ce sont encore que des petits, ils ne demandent rien !", alerte ainsi une jeune fille.

"Réfléchissez un minimum, bordel. Réfléchissez au malheur que vous faites subir aux gens. Pour vous internet est un défouloir, mais certaines personnes souffrent de ça", surenchérit, en colère, un étudiant de 18 ans. Et on ne peut que confirmer.