Si l'on vous dit Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent, vous pensez naturellement : les soeurs Brontë. Emily et Charlotte de leurs prénoms - sans oublier, Anne, elle aussi femme de lettres. Brontë, donc. Pas Bronté, pas Bronte non plus, non : Brontë ! C'est simple, pas vrai ?
Mais ca ne l'est pas tant que ça pour la prestigieuse abbaye de Westminster. Car il a fallu attendre des lustres pour que parvienne ce jour désormais historique : l'écriture correcte de ce nom sur la plaque dédiée aux soeurs poétesses et romancières. Oui oui, jusqu'ici, cette inscription funéraire ne présentait pas de tréma sur le "e". C'est tout bête, mais respecter les autrices, c'est aussi respecter la langue !
Mais cela a pris du temps : près d'un siècle. Car comme le relève le Guardian, 85 ans après l'installation d'une plaque mal orthographiée, celle-ci est enfin corrigée... Et cela, surprise ! On le doit à une femme.
Le journal culturel britannique parle carrément d'un véritable "injustice" ! Et on comprend volontiers le terme pour qui s'intéresse aux oeuvres de ces légendes de la poésie et de la littérature en langue de Shakespeare. "Brontë, et non Bronte !", insiste le média. Un tréma, ca change tout.
On se demande d'ailleurs pourquoi une telle modification n'a pas été faite depuis l'installation du mémorial en 1939. Méconnaissance ? Mépris ? Oubli ? En serait-il de même s'il était ici question de romanciers masculins ? Loin de nous l'idée d'émettre cette suggestion mais... Pensez-y.
Toujours est il que la correction, poursuit le Guardian, a été apportée après une visite à l’abbaye de Sharon Wright, ni plus ni moins que la rédactrice en chef de la Brontë Society Gazette. Alors que la réalisatrice de "Promising Young Woman" s'apprête à délivrer une nouvelle transposition des Hauts de Hurlevent (avec Margot Robbie, idée géniale), Wright, elle, compte bien honorer à l'unisson la mémoire des soeurs.
"La première chose que j’ai pensé en me rendant au mémorial a été : “Ils ont mal orthographié les noms !” Je ne suis certainement pas la première personne à le remarquer... mais je pourrais être la première à attirer l’attention et à demander “Peut-on bien orthographier les noms s’il vous plaît ?” »... Vu que ces femmes sont trois des plus grandes écrivaines de ce pays", détaille auprès du journal l'érudite.
Comme quoi : il faut toujours aller au bout de ses convictions. Et ne jamais mésestimer la persévérance des férues de belles lettres.