Les comptes Instagram des mineurs seront désormais en privé par défaut

Publié le Jeudi 29 Juillet 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Sur Instagram, les comptes des mineurs seront désormais en privé par défaut
Sur Instagram, les comptes des mineurs seront désormais en privé par défaut
Le réseau social l'avait annoncé au printemps, la mesure entre en vigueur cette semaine. Les comptes créés par des jeunes de moins de 18 ans seront automatiquement paramétrés en privé, pour les "préserver d'être contactés par des adultes qu'ils ne connaissent pas".
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22,7 % des 11-12 ans possèdent un compte sur Instagram, d'après une étude publiée en 2020 par l'agence de communication Heaven. Pourtant, il faut être au minimum âgé·e de 13 ans pour pouvoir s'y inscrire. Cette confrontation au réseau social particulièrement précoce, et aux dérives qui vont avec, a poussé les dirigeants de l'application à prendre certaines décisions pour mieux protéger les plus jeunes des internautes.

Notamment, en complexifiant l'accès extérieur à leurs contenus en France, aux États-Unis, en Australie, au Royaume-Uni et au Japon - pour l'instant.

Compte privé, identification des comportements suspects et limitation des pubs ciblées

Désormais, tous les comptes de mineur·e·s (18 ans ou 16 ans selon les pays) seront automatiquement réglés en mode privé lors de leur création. Un paramètre qui rend les posts, stories et Reels inaccessibles aux non-abonné·e·s, accompagne chaque demande d'abonnement d'une notification à accepter manuellement, et camoufle chaque contenu de l'onglet Explorer. Et pour les pages qui existaient déjà, une notification les encourageant à opter pour davantage de confidentialité sera envoyée à leur propriétaire.

Le but de cette première mesure : empêcher au maximum que ces utilisateurs et utilisatrices soient victimes de cyberharcèlement et cibles de pédophilie. "Partout où nous le pouvons, nous voulons préserver les jeunes d'être contactés par des adultes qu'ils ne connaissent pas (...) et nous pensons que les comptes privés sont le meilleur moyen", explique ainsi Instagram.

Autres avancées : une meilleure identification des personnes au "comportement suspect". "Par 'comportement suspect', nous entendons par exemple un compte appartenant à un ou une adulte qui a récemment été bloqué ou signalé par une personne mineure", précise l'appli.

Et puis, une limitation des pubs ciblées. "D'ici quelques semaines, nous n'autoriserons les annonceurs à cibler leurs publicités visant les personnes de moins de 18 ans (...) uniquement sur la base de l'âge, du genre et de leur localisation", poursuit le communiqué. "Cela signifie que d'autres options de ciblage qui étaient jusqu'ici disponibles, comme les centres d'intérêt ou l'activité sur d'autres applications ou sites, ne seront plus accessibles aux annonceurs."

Il y a quelques jours, le Guardian relayait - timing oblige - les travaux de chercheurs démontrant que "les algorithmes d'Instagram poussent les adolescentes qui s'engagent, même brièvement, dans des images liées au fitness vers un flot de contenus sur la perte de poids". Accablant.

Annonciateur d'un impact réel ?

Une question demeure toutefois : pourquoi ne pas instaurer une obligation de ces comptes privés, plutôt qu'un automatisme que les concerné·e·s peuvent rapidement modifier ? "Nous pensons que les comptes privés sont le bon choix pour les jeunes, mais nous reconnaissons aussi que certains jeunes créateurs peuvent vouloir des comptes publics pour se construire un public", se justifie le réseau social. Forcément.

A ce sujet, Yasmine Buono, fondatrice de Générations Connectées Net Respect, prévient auprès de France Inter que, malgré les bonnes intentions d'Instagram, "le problème reste entier". Et dissèque : "Pour un enfant comme pour un adulte, la réputation se fait aussi par le nombre d'abonnés. Dans les classes, on m'a déjà dit : 'On n'a pas de vie si on n'a pas d'abonnés'. Être en privé, c'est le contraire d'un réseau social".

A voir, donc, comment la décision se décline au-delà du virtuel, et permet un impact réel sur des habitudes aux conséquences bien souvent toxiques...