En Iran, le contrôle du port du voile renforcé... par SMS

Publié le Mercredi 04 Janvier 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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En Iran, les femmes qui seront surprises à ne pas porter le voile en voiture recevront désormais... Un SMS. Une nouvelle étape dans la surveillance et la répression.
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Alors que les mobilisations se poursuivent en Iran, les citoyennes font face à de nouvelles formes d'oppression. Dans le cadre du programme Nazer-1 (signifiant "surveillance" en persan), initié il y a déjà deux années de cela, c'est désormais la présence - ou non - du port du voile en voiture qui sera minutieusement contrôlée. Chaque contrevenante recevra ainsi... Un SMS, directement envoyé par les services de police.

Un message, relate Le Parisien, qui devrait être le suivant : "L'absence du voile a été observée dans votre voiture. Il est nécessaire de respecter les normes de la société et de veiller à ne pas répéter cet acte". Effrayant. Pour quelles conséquences ? Une première version du SMS mentionnait "des suites légales ou judiciaires" mais à l'heure actuelle, la question demeure quant aux effets du non-respect de cette mesure.

La raison de ces textos, on s'en doute, est plus limpide : instaurer un climat de méfiance et de peur en affirmant par cette voie un contrôle du corps des femmes. Une initiative déployée dans tout le pays.

Quelle année 2023 pour les iraniennes ?

Couplées à l'idée d'un véritable code vestimentaire, ces alertes par SMS inquiètent les citoyennes iraniennes en ces prémices de nouvelle année. Et pour cause, cela fait de longs mois déjà que celles-ci descendent dans les rues, retirent et brûlent leur voile, afin de s'indigner de la mort suspecte de Mahsa Amini, 22 ans, décédée après son arrestation par la police des moeurs - cette unité iranienne composée d'hommes mais aussi de femmes patrouille dans les rues afin de vérifier si les règles islamiques sont bien respectées.

Une manière de contester l'obligation du port en question, tout comme l'irrespect des droits fondamentaux des femmes en Iran. Mais alors même que le procureur général Mohammad Jafar Montazeri avait annoncé l'abolition de la fameuse "police des moeurs" le 3 décembre, nouvelle volontiers nuancée par les médias, la surveillance semble cependant être toujours aussi forte au sein du pays. Et affirmée comme telle.

En septembre 2022, Mohammad Saleh Hashemi Golpaygani, secrétaire de l'organisation de la promotion de la vertu et le rejet du vice, suscitait déjà de vives réactions en suggérant un inquiétant nouveau projet : le contrôle du port du voile... par reconnaissance facile. Amendes à la clé. "Les caméras dans la ville, et le métro, prendront des photos des femmes, et une amende sera envoyée à leur domicile", avait-il déclaré. On peut d'ors et déjà se demander quelles seront les libertés réelles des citoyennes iraniennes en 2023.