En Italie, le nouveau ministre de la famille menace le droit à l'avortement

Publié le Lundi 04 Juin 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Lorenzo Fontana, le nouveau ministre anti-avortement italien ici en juin 2016
Lorenzo Fontana, le nouveau ministre anti-avortement italien ici en juin 2016
Depuis le 2 juin 2018, l'Italie a un nouveau gouvernement. Son ministre des familles, Lorenzo Fontana est farouchement anti-avortement et anti-gay.
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Le succès du referendum en Irlande ne doit pas nous faire perdre de vue que les droits des femmes sont en recul en Europe. C'est le cas de l'Italie, où même si le droit à l'avortement est inscrit dans la loi, 70 % des médecins refusent encore de le pratiquer sous la pression de l'Église.

Et cela ne risque pas de s'arranger chez nos voisins transalpins, avec l'arrivée du nouveau gouvernement mené par Giuseppe Conte. Il a été formé à la suite des élections générales de mars dernier où deux mouvements, pourtant très différents en apparence, se sont alliés : la Ligue du Nord à l'extrême droite et le mouvement populiste cinq étoiles.

C'est un homme catholique intégriste qui vient d'être nommé au ministère de la famille et du handicap. Lorenzo Fontana, 38 ans, est membre de la formation d'extrême droite de la Ligue du Nord. Il a étudié l'histoire de la chrétienté à l'université européenne de Rome. Sur son compte twitter, il s'affiche en une avec la Française Marine Le Pen. Ses déclarations récentes dans le quotidien italien Corriere Della Sera augurent des temps difficiles pour les femmes et les homosexuels.

Il a expliqué son rejet des familles homoparentales : "Les familles arc-en-ciel n'existent pas dans la loi italienne". C'est un fait, mais l'existence des enfants de couples homosexuels est de plus en plus reconnue par les tribunaux italiens. Leur union civile est aussi possible depuis 2016. Dans ses explications, il semble vouloir dire qu'il va s'attaquer à ce qu'il voit comme un problème.

Il veut dissuader les femmes d'avorter

Sur l'avortement, il est sur la même ligne politique. Sa mission en tant que ministre des familles sera de redresser le taux de natalité en Italie. Si Lorenzo Fontana ne dit pas ouvertement qu'il est contre l'avortement, il a cependant affirmé vendredi, en arrivant pour sa prise de fonction au ministère, que "l'avortement est la première cause de féminicide dans le monde".

Pour les mouvements de droite, c'est une spécialité de détourner les principes du féminisme, pour faire des femmes des choses à défendre ou pour faire avancer leur agenda. Lorenzo Fontana veut également baisser les taxes sur les produits pour les enfants sans se demander ce qui empêche à la base les couples et les femmes de faire des enfants. Il a déclaré, en parlant des familles homosexuelles : "La famille naturelle est attaquée. Ils veulent nous dominer et effacer notre peuple."

Dans son entretien au Corriere Della Sera, il dénonce de manière complotiste : "un modèle de mondialisation fait par les puissances financières qui conçoit un monde où il n'y a pas de communautés, et donc la famille qui est la première et la plus importante communauté de notre société [...] Je suis catholique, je ne le cache pas. Et c'est pourquoi je crois et je dis aussi que la famille est naturelle, où un enfant doit avoir une mère et un père". Il dit ensuite qu'il entend, grâce à sa nouvelle fonction, favoriser les organismes qui "tentent de dissuader les femmes d'avorter".

Ces déclarations embarrassent les alliés improbables de la Ligue du Nord au gouvernement, le mouvement de gauche cinq étoiles. Le chef de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, s'est contenté de répondre : "En tant que père, je suis soucieux qu'en enfant grandisse entre un père et une mère, mais la question n'est pas à l'agenda du gouvernement". Fin de la discussion.