Lassée de jouer les potiches, Gemma Arterton flingue la saga James Bond

Publié le Mardi 08 Septembre 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Gemma Arterton tacle le mythe "James Bond".
Gemma Arterton tacle le mythe "James Bond".
"C'est un personnage qui n'avait pas grand-chose à faire, encore moins d'histoire. Je ne choisirais pas un rôle comme celui-là maintenant". Dans les pages du "Telegraph", l'actrice et productrice féministe Gemma Arterton dégomme le mythe de la "James Bond Girl". Boum.
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On a déjà connu meilleure promo. Alors que Mourir peut attendre s'apprête à envahir les multiplexes dès le 11 novembre prochain, Gemma Arterton s'est permise de tacler le mythe James Bond dans les pages du Telegraph. Vous connaissez certainement l'actrice britannique pour ses performances dans Tamara Drewe ou Gemma Bovery. Mais Gemma Arterton, c'est aussi Strawberry Fields, la "James Bond girl" au nom beatlesien de Quantum of Solace, le 22e volet des aventures de l'agent secret au service de sa majesté. Une expérience que la comédienne préférerait oublier...

Pourquoi ? Car la saga n'est pas vraiment connue pour la finesse d'écriture de ces personnages féminins, plus archétypaux qu'autre chose. "C'est un personnage qui n'avait pas grand-chose à faire, encore moins d'histoire. Je ne choisirais pas un rôle comme celui-là maintenant", a-t-elle carrément taclé du côté du journal british. Non sans préciser qu'elle restait, douze après la sortie du blockbuster de Marc Foster, "extrêmement reconnaissante" d'avoir pu tenir ce rôle emblématique de la pop culture. Un rôle qui, à l'écouter, ressemblait plutôt à une silhouette.

Et c'est l'une des raisons qui l'a incité à ne pas réitérer l'exercice. Etre James Bond girl une fois ça va, deux, bonjour les dégâts. L'autre raison ? Surprise : la gratuité des scènes de sexe. "Sur le coup, vous leur dites : 'Attendez, ce n'est pas dans le script. Personne ne m'en a parlé'", témoigne-t-elle aujourd'hui, entre ironie et amertume.

"J'étais sous pression"

Sur le même ton, elle poursuit : "Lors de ces scènes de sexe, vous vous retrouviez alors devant toute l'équipe et sous pression. Alors que vous auriez dû avoir une discussion sur le sujet bien avant cela, ce n'est qu'à ce moment qu'on vous demandait si vous étiez d'accord avec ça !". Ouille. Rien de très gentleman finalement dans le monde de James Bond, l'illustre tombeur de ces dames. Comme si la pauvreté d'écriture ne suffisait pas, il a aussi fallu compter sur cette plutôt incompréhensible absence de communication entre actrices et équipe.

Strawberry Fields ou pas, Gemma Arterton a décidé de changer de ritournelle. Il y a deux ans, après avoir investi bien des univers (celui du romancier Thomas Hardy par exemple, avec la mini-série Tess of the D'Urbervilles), elle montait sa propre boîte de production, Rebel Park, comme nous le rappelle le journal Metro UK. A ses côtés, les productrices Jessica Malik et Jessica Parker. Et dans les tiroirs de cette maison de prod ouvertement "rebelle", des longs et courts-métrages remarqués comme Leading Lady Parts. Co-produite par la BBC, cette fiction cinglante dénonce le systématisme des castings volontiers sexistes et racistes que vivent bien des comédiennes.

Face à la caméra, on y trouve Gemma Arterton donc, mais aussi les iconiques Emilia Clarke et Florence Pugh. Dénoncer ces discriminations professionnelles, et par extension permettre une meilleure visibilité des femmes artistes au sein de l'industrie, c'est là d'un des grands objectifs d'une boîte indé comme Rebel Park. Un engagement que l'actrice poursuit au quotidien, et revendique volontiers dans ses interviews. Et oui, pas besoin d'être une James Bond Girl quand on a déjà tout d'une héroïne féministe.