Caroline Vigneaux connaît le "prix d'une teub", oui oui, en tout cas c'est ainsi qu'elle l'énonce sur un plateau où elle fait encore entendre ses convictions féministes. L'humoriste et ex avocate raconte pourquoi avec minutie afin de dénoncer un vrai enjeu de société qui n'en finit pas de révéler les inégalités de genre.
C'est dans ce reel que tout se passe. La quadra y fait résonner son engagement en mettant en lumière une réalité que beaucoup minimisent : les inégalités salariales.
D'où l'expression : prix d'une "b*te" que l'artiste emploie volontairement non sans provoc.
Elle a bien raison, car cela fait écho à un livre de référence sur le sujet : Le coût de la virilité. Cet essai met en chiffres, de la façon la plus concrète possible, les disparités économiques dans le couple et l'entreprise en général. A l'instar de Titiou Lecoq et de son nécessaire Le couple et l'argent.
Mais si on écoutait Caroline Vigneaux nous expliquer le "prix d'une teub" ? C'est très instructif, vous verrez.
Caroline Vigneaux en deux minutes règle ses comptes au patriarcat. Et aux inégalités salariales.
Dans le couple, plus encore. Elle raconte avoir vite compris qu'elle gagnait beaucoup moins que son époux. Au sein d'une société qui fait tout pour donner moins de confiance aux femmes, les faire culpabiliser, minimiser leur visibilité, et donc en retour, qui les encourage beaucoup moins à demander une augmentation.
L'artiste l'énonce : "J'ai été victime d'inégalités salariales. Je bossais dans le même cabinet que mon mec en tant qu'avocate et je me suis rendue compte qu'il gagnait quasiment 1 000 euros de plus que moi pour le même travail. Et que l'écart allait clairement se creuser au fil des années au sein de notre couple. J'ai donc découvert le prix d'une bite".
L'oratrice épilogue non sans fracas : "Quand on m'a proposé mon salaire au tout début de ma carrière j'ai dit : wow, je ne sais pas si je mérite tant. Sauf que lui, il a réclamé plus à chaque entretien d'embauche de fin d'année. Me concernant, à chaque fois que je demandais et cherchais à négocier, on me refusait cette augmentation".
"En fait ca en dit long sur les inégalités de genre"
On ne peut qu'abonder en citant Titiou Lecoq : "Les hommes sont plus riches que les femmes. Dès l'enfance, les garçons reçoivent plus d'argent de poche que les filles. Adultes, à poste égal, les femmes sont moins bien payées que les hommes... Très tôt, les garçons ont un rapport de légitimité à l'argent qui n'est pas le même que les femmes. Jeunes déjà, ils demandent plus facilement des augmentations. Ils considèrent davantage qu'on leur doit de l'argent. En tant que parent, je m'en rends compte, les filles sont davantage gênées, on les met donc en position de demandeuses. C'est un réflexe qui va se développer ensuite dans le monde du travail.".
"Cette histoire d'argent de poche raconte évidemment quelque chose sur les constructions de genre. L'argent est indissociable des stéréotypes. On ne veut pas être identifiée au stéréotype de la femme vénale, tout comme on ne veut pas être associé à celui de la mégère, en ce qui concerne les tâches ménagères."
A Terrafemina toujours, l'autrice détaille : "Il y a en France quelque chose de l'ordre de culturel dans notre difficulté à parler d'argent (on tend à l'aborder sous un angle plus philosophique, parler de la valeur-travail, plutôt que de TVA ou de gestion du budget), de politique (le féminisme est plutôt de gauche, l'argent apparaît comme un sujet de droite) et aussi de genré : il est difficile pour les femmes de parler d'argent sans avoir peur de passer pour des femmes vénales."
Et conclut : "On pousse les femmes à consommer, mais jamais à s'enrichir. Comme je l'écris, ce qui coûte cher aux femmes, c'est l'addition de toutes les injonctions qui pèsent sur elle. Même du côté de la presse économique d'ailleurs, il est rare de trouver des articles qui expliquent aux femmes comment gagner de l'argent. On leur recommande davantage... De faire les soldes."