






Féministe : se dit d'une personne qui souhaite l'égalité des sexes.
Malgré la révolution #MeToo, qui trouve ses prémices en 2017, la popularisation et la médiatisation beaucoup plus ample auprès du grand public des luttes militantes ces dernières années, le succès d'ouvrages ouvertement sensibles à ces enjeux comme les best seller de Virginie Despentes et les essais de Mona Chollet, et même la résonnance de films hollywoodiens traitant ouvertement des inégalités de genre et des violences sexistes et sexuelles, le mot Féminisme est encore intensément incompris.
Source de préjugés, de contresens, d'amalgames, de tensions exacerbées... Et il demeure si incompris par ailleurs qu'il effraie même celles qui sont censées se l'approprier : les femmes. Plus encore, les artistes féminines les plus mises en lumière.
La preuve avec une déclaration qui a beaucoup fait parler, à savoir la dernière tirade de Gloria Gaynor. L'interprète disco tout à fait mythique de "I will survive" s'est effectivement livrée sur sa position face à l'engagement féministe... Quitte à susciter une large polémique.
Il faut dire que ses mots ont de quoi laisser perplexe.
Une incompréhension absolue de ce qu'est le féminisme ?
Voilà en tout cas ce que décoche Gaynor précisément dans une interview pour le journal britannique Metro partagée par le média musical de référence, Billboard: "La plus grande idée fausse à mon sujet ? Hmm. C'est certainement dangereux de dire ça, mais… que je suis féministe".
La chanteuse explique donc ne pas l'être "tout à fait".
Et l'interprète, à qui l'on doit paradoxalement un véritable hymne féministe, de poursuivre avec moult bafouillages : "Je ne suis pas vraiment féministe en fait. Car j'aime les hommes… J'ai grandi avec cinq frères, et j'aime les hommes".
Après le grand classique de la rhétorique masculine "Je suis féministe car j'ai une mère et des filles", largement employé par de nombreux messieurs médiatisés (et généralement considérés comme problématiques), voici donc une exceptionnelle déclinaison que l'on attendait pas forcément : "Je ne suis pas féministe car j'ai des frères".
Sur les réseaux sociaux et au gré des tribunes médiatiques, nombreux et nombreuses ironisent sur cette perception très limitée de ce qu'est le féminisme. Cela, Virginie Despentes justement le dévoilait avec limpidité dans son King Kong Théorie il y a 20 ans déjà : un éveil et une prise de conscience certes des violences masculines, mais plus globalement, des violences patriarcales... Dont les hommes également sont victimes. Twist ending s'il en est.
Injonctions diverses et absurdes (à la performance, au contrôle de ses émotions, à la compétition), mythe de la virilité (pour citer la philosophe féministe Olivia Gazalé, qui a dédié un ouvrage entier à ce propos), éléments divers de la "masculinité toxique", aliénation étroitement liée à notre société consumériste et médiatique...
Et si être féministe c'était justement, s'intéresser aux hommes ? Afin de permettre des relations plus saines entre les sexes et, soyons fous, une société plus égalitaire, justement.
Gloria Gaynor cependant semble étrangère à ce concept.
Et ce, même si elle souhaite volontiers modérer ses propos. Elle poursuit en interview, en guise de nuance : "J’aime les hommes qui savent qui ils sont et qui sont assez forts pour prendre leur place, mais aussi assez forts pour reconnaître les forces d’une femme et qui sont capables de lui permettre d’exercer ces forces et de réaliser que nous devons être des partenaires et non des adversaires".