Qui est Kamala Harris, la vice-présidente du candidat Joe Biden ?

Publié le Mercredi 12 Août 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Kamala Harris, bras droit de Joe Biden.
Kamala Harris, bras droit de Joe Biden.
On se doutait déjà que le vice-président du candidat démocrate Joe Biden - qui pourrait bien renverser Donald Trump en novembre prochain - serait une vice-présidente. Mais l'on ignorait encore qui. Biden a finalement dévoilé son nom : Kamala Harris. Un choix applaudi.
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C'était là une promesse de Joe Biden, énoncée le 15 mars dernier lors d'un débat l'opposant à Bernie Sanders : "Je vais choisir une femme pour être vice-présidente". Mais derrière les beaux mots, restaient encore les actes. D'autant plus que les "candidates" pouvant prétendre à ce poste étaient nombreuses. Pas de panique, le politicien, lui-même vice-président sous Obama, a finalement jeté son dévolu. L'élue est loin de nous être inconnue : elle se nomme Kamala Harris. Et sur Twitter, elle s'annonce déjà "honorée" de se joindre au potentiel futur président des Etats-Unis. L'idée ? "Unifier le peuple américain parce qu'il a passé sa vie à se battre pour nous".

Mais aussi "bâtir une Amérique à la hauteur de nos idéaux", poursuit la politicienne et éventuelle future vice-présidente. Rien que cela. Bon, mais le nom de Kamala Harris ne se limite pas à ce langage partisan finalement très officiel. Et s'il tend à être sur toutes les lèvres à l'avenir, il traîne déjà derrière lui des initiatives et discours fédérateurs, décochés dans une Amérique qui croit de moins en moins en l'expertise du leader Donald Trump. Sur les réseaux sociaux d'ailleurs, l'ancienne procureure et candidate démocrate Mimi Rocah vante déjà les mérites d'une femme "extrêmement compétente, compatissante et ambitieuse".

Par-delà ces louanges, que faut-il donc savoir de Kamala Harris ? Focus.

Mic drop, "pionnière" et expertise

Une femme vice-présidente, le choix est officiel.
Une femme vice-présidente, le choix est officiel.

Si sa nomination en tant que vice-présidente pourrait la faire entrer définitivement dans l'Histoire, la sénatrice de Californie y avait déjà posé un pied. Effectivement, elle fut la première femme noire élue au poste de procureure générale à San Francisco, et ce avec 22 000 voix d'avance. C'était en 2010. Depuis, la procureure et sénatrice n'a cessé de réitérer ces "ambitions" qui font sa force. D'ailleurs, avant qu'elle ne se retire de la course en décembre dernier, beaucoup l'envisageaient déjà comme l'une des favorites de la primaire démocrate. Normal. Pour l'Obs, Harris est un véritable "ovni de la politique américaine", ni plus ni moins.

Bien des médias le pensent à l'unisson. On évoque pèle-mêle ses origines, son père jamaïcain et professeur d'économie, sa mère indienne et chercheuse en cancérologie, ses études de sciences politiques et de droit (un solide bagage), sa longue expérience (elle était déjà adjointe au procureur en 1990), ses deux mandats successifs de procureure en Californie, signe de sa notoriété... mais aussi ses positions politiques. Progressiste, Kamala Harris en appelle à un meilleur contrôle des armes à feu, s'est dite en faveur du système de santé universel et du mariage entre personnes du même sexe, défend l'exigence de transparence des grandes entreprises face à la crise climatique... On la rapproche tantôt de Bernie Sanders, tantôt d'Elizabeth Warren.

Mais ce n'est pas tout. Celle que l'actuel président des Etats-Unis associe à la "gauche radicale" (un reproche dans sa bouche) est aussi, comme l'énonce encore le journal Libération, une ardente dénonciatrice des discriminations raciales et des violences policières, la seconde élue noire de l'histoire américaine à occuper la chambre haute du Congrès, une "pionnière" dans son genre. Reste encore à officialiser pour de bon un énième exploit et pas des moindres : devenir la première femme vice-présidente des Etats-Unis.

Il y a également chez le bras droit de Joe Biden une certaine propension au mic-drop - ou lâcher de micro. L'an dernier, elle rétorquait aux moqueries coutumières de Donald Trump en osant un cinglant "Ne vous en faites pas, on se reverra à votre procès". Belle répartie : à l'époque, un processus de destitution mettait en péril le milliardaire misogyne. Il faut dire que Trump et Kamala Harris, c'est tout un poème. En octobre 2019 encore, la sénatrice en appelait à la suppression du compte Twitter d'un président qui passerait son temps "à cibler, harceler et tenter de dénoncer les lanceurs d'alerte", dit-elle. Harris insiste volontiers sur la dangerosité d'un politicien dont elle condamne la violence - verbale, entre autres choses.

Spoiler alert : le réseau social avait répondu par la négative. Tant pis, la lutte intime de Kamala Harris se poursuit. Et elle pourrait bien se terminer aux sommets. "Kamala Harris, première femme de couleur, à l'itinéraire familial et personnel à l'image du melting pot américain, à être désignée comme colistière du candidat démocrate à la présidentielle. Ça ne risque pas d'arriver chez nous de sitôt !", a observé la sénatrice écologiste Esther Benbassa.

A méditer ?