"Avec finition ?". Vous avez forcément été témoin d'une conversation où l'un des intervenants ponctuait son propos par cette étrange expression, avant de partir d'un rire gras et entendu, suivi ou non du reste de l'assistance. Mais de quoi s'agit-il donc ? Egalement appelée "happy ending" ou "happy finish", la finition, pratiquée par certains salons de massage, consiste en une masturbation pratiquée en fin de séance, vite fait bien fait, à l'abri d'un paravent et de la caution quasi médicale de l'activité prétextée. A Paris, selon les chiffres avancés en juin 2015 par L'Agence parisienne d'urbanisme (APUR), sur 575 salons de massage, 300 pratiqueraient ce type de relaxation bien particulière, principalement dans les 9e, 15e et 17e arrondissement. Si la maire du 9e arrondissement a proposé d'adopter un label "vertueux" sur les devantures de salons "propres", il semble que la pratique soit bien plus répandue qu'on ne le pense, et pas forcément cantonnée aux salons asiatiques parisiens exploitant, pour beaucoup, des femmes privées de leurs passeports et soumises au bon vouloir de réseaux que la police s'emploie à démanteler.
Sur les forums, le secret de polichinelle semble largement éventé, alors que les internautes de tous bords décrivent sans complexe leurs expériences de la finition, du massage naturiste (se faire masser nu par une personne nue), du massage "thaï érotique" ou encore du "yoni massage" (un massage sacré... du vagin) pratiqués en salons ou à domicile par des masseurs ou masseuses présentés comme tels. Les femmes, quant à elles, discutent aussi sans tabou de la "finition pour femmes", que beaucoup fantasment d'expérimenter ou auraient déjà testée pour leur plus grande satisfaction. Sur le site salon-de-massages.fr, à la section "finition", on est on ne peut plus clair : "Tous les salons de massages chinois ou thaï (sic) proposent le massage du sexe quelques secondes avant la fin de votre massage, même si celui-ci est interdit par la loi française et non présenté à la carte." Selon les habitués, qu'il soit entendu entre la masseuse et le massé à l'abri du paravent ou directement payé à la caisse, ce bonus de fin de séance se pratique en mode "tout ce qui se passe dans la cabine de massage reste dans la cabine de massage". Sur le site "Paris Derrière", même son de cloche : "Il devient transgressif à Paris de fréquenter les masseuses asiatiques sans se voir proposer une petite branlette en fin de séance, que l'on soit mec ou nana", y assure-t-on. Lesquelles n'y sont a priori pas si rares puisque, selon une récente étude, 10% des femmes se faisant régulièrement masser optent pour le salon (contre 13% pour l'osthéopathe).
Succomberaient-elles donc aussi à cette expérience très intime ? Si l'on en croit la légende urbaine, véhiculée le plus souvent par ces messieurs, la pratique serait à très forte dominante masculine. Et pourtant. Des femmes nous ont confié avoir été elles-mêmes discrètement sollicitées par des masseuses s'attardant sur les zones érogènes, ce que confirment des amatrices relatant leurs expériences sur des forums consacrées aux massages érotiques. Sur le site Womenhealth, un masseur de Spa raconte quant à lui son quotidien ponctué, selon lui, par les demandes de clientes heureuses de venir se relaxer jusqu'au bout sous ses doigts experts. Selon lui, avec 21 000 spas aux Etats-Unis et une clientèle à très forte dominante féminine, le nombre de récits impliquant des happy-endings pratiqués sur des femmes augmente, et la pratique serait bien plus souvent expérimentée que les gens veulent bien le croire. Qu'elles se refilent sous le manteau le nom de tel masseur pas frileux à l'idée de donner un plaisir plus poussé à sa clientèle ou se rendent dans des salons explicitement ouverts au happy-ending pour tous, les femmes adeptes de la quick masturbation pratiquée par autrui seraient aujourd'hui légion. En revanche, celui-ci rejette le terme de "happy-ending", qu'il trouve vulgaire et réducteur, beaucoup trop dédié aux quickies pratiqués par les hommes dans les salons louches. Selon notre masseur, la pratique érotique du massage pour les femmes serait liée avant tout à la découverte de son propre corps et de sensations nouvelles, laquelle serait par ailleurs très bénéfique à la bonne santé du couple.
A Paris, ainsi que l'expliquait déjà en 2012 France info dans un reportage effectué en caméra caché, outre les salons chinois, de nouveaux établissements ont commencé à fleurir. Proposant ouvertement les fameux massages dits "naturistes", ceux-ci assument, pignon sur rue et sites internets léchés bien référencés, ces pratiques flirtant avec le sexe tarifé pour tous. Pour exemple ce texte explicite qui propose de découvrir "l'ensemble de nos prestations haut de gamme parmi un large choix qui font notre succès tel que les massages naturistes, les massages traditionnels, les soins visage et corps ou les succulentes options."
De "succulentes options" donc, dont personne ne parle mais qui poussent pourtant des centaines d'établissements supplémentaires à ouvrir leurs portes chaque année sans qu'il semble possible de trancher clairement entre tantrisme, relaxation, tradition et prostitution. Un état de fait qui témoigne, quoi qu'il en soit, de l'attrait des deux sexe pour le massage. L'occasion pour nous de réviser quelques bases du massage érotique, à pratiquer dans la simple intimité de son intérieur. Avec ou sans finition.