EmRata, la voix d'une génération ?
Sur Instagram, la mannequin la plus célèbre au monde cligne de l'oeil à Dua Lipa. A l'instar de la chanteuse, Emily Ratajkowski ne cesse effectivement de se dévoiler en bikini, sur des clichés estivaux à souhait qui se veulent une célébration intime et décomplexée du "hot summer". C'est le cas de ses tout derniers clichés, qui érigent l'égérie en sex symbol d'une époque.
Sex symbol, oui, néanmoins, EmRata est loin d'être le symbole d'une "culture du vide", expression controversée tant les internautes l'emploient pour, la plupart du temps... Désigner des femmes. Créatrices de contenus, influenceuses, vidéastes, mannequins, bref, toutes les femmes susceptibles d'avoir du succès en ligne. Et qui mettent en scène leur corps. Las, si EmRata n'échappe jamais à ce sexisme latent, son corps à elle, elle en fait usage dans un but aussi intime que politique.
Oui, même lorsqu'il est question de ces photos en bikini. On explique.
Récemment encore, elle bronzait complètement nue, sur une chaise longue.
Et apparaissant en tenue d'Eve, sur les réseaux sociaux, afin de relayer ce moment de détente à ses dizaines de millions de fans à travers le monde. Comme pour faire de cet instant l'équivalent d'un nu artistique. Et de son corps, une forme de création.
En fait, EmRata est consciente que son image est multi commentée. Et ces dernières années, tout en multipliant les engagements (donnant la parole aux personnes trans dans son émission, dénonçant les violences sexistes et sexuelles dont elle fut elle-même victime, fustigeant la misogynie d'Hollywood qui l'a considérée "comme un bout de viande", soutenant le mouvement #MeToo...), la mannequin a assumé le regard qu'elle dédie à son physique : elle l'envisage comme une fierté, et une liberté fondamentale.
"Fort du slogan féministe "L'intime est politique", EmRata, qui a dénoncé des violences sexuelles dont elle aurait été victime à l'époque du fameux clip Burried Lines, affirme dans son livre paru en janvier 2022 que son envie d'autonomie et d'épanouissement est indissociable de cette apparence hyper-médiatisée. Telles des chanteuses comme Cardi B ou Megan Thee Stallion, Emily Ratajkowski fait du "sexy" un pouvoir au sein d'une société patriarcale", assénait-on ainsi dans un article détaillé sur Terrafemina.
Effectivement, ses convictions féministes, la star des réseaux sociaux l'étaye dans son essai, et manifeste : My Body. Mon corps, donc. Ce qui en dit long sur l'importance qu'elle voue à cette silhouette qu'elle juge tout sauf superficielle. Liberté sexuelle, affirmation de soi, influence, et, de par son très fidèle public féminin, émancipation du regard masculin... EmRata accorde tant de sens à des photos apparemment aussi anodines que ces selfies en bikini.