À en croire ce rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale remis en mai dernier à Vincent Peillon, mais rendu public fin juillet, l’école française est encore profondément sexiste. Près de quarante ans après que la mixité a été rendue obligatoire à tous les niveaux d’enseignement, plus de trente ans après la parution des premiers textes incitant à diversifier l’orientation des filles et des garçons et à lutter contre les discriminations sexistes et alors que depuis trois décennies des conventions interministérielles se succèdent pour passer de la mixité à l’égalité entre les femmes et les hommes, « les nombreuses actions enclenchées et les multiples dispositifs engagés ont eu une portée limitée », note le document sobrement intitulé « L’égalité entre les filles et les garçons dans les écoles et les établissements ».
Les stéréotypes de genre semblent encore avoir de beaux jours devant eux à l’école. Pour preuve, la persistance du cliché des petites filles sages et laborieuses, « naturellement responsables et prêtes à rendre service », déplore le rapport, tandis que les garçons sont, quant à eux, traités « de manière préférentielle » par des professeurs « convaincus d’être équitables ». Plus sollicités, faisant plus souvent l’objet de l’attention professorale, ils seraient « davantage évalués sur leur mobilisation cognitive, alors que les filles le sont surtout sur leur "attitude positive" ». Et ces inégalités entre filles et garçons s’illustrent également dans les résultats scolaires. Ainsi, plus de la moitié des filles parviennent en terminale générale et technologique sans avoir redoublé dans le secondaire, contre seulement 40% des garçons. Mais, au-delà des résultats, « les stratégies des élèves sont largement influencées par leur appartenance de genre », écrit le rapport. Pour preuve, la baisse continuelle des candidatures féminines dans les filières scientifiques.
Pour inverser la tendance, l’Inspection générale de l’Éducation nationale préconise donc la formation obligatoire des professeurs aux questions d’égalité entre filles et garçons mais aussi la mise en place de « statistiques sexuées portant sur les résultats, les orientations, les absences », rapporte LeFigaro.fr. « C’est un changement de regard qui paraît s’imposer, afin qu’au plus tôt dans le parcours scolaire, les stéréotypes de genre soient déconstruits et mis à distance », conclut quant à lui le rapport, insistant sur le fait que le premier degré, « angle mort des politiques d’égalité entre filles et garçons » devrait être une priorité.