





Happée par l’histoire de Gisèle Pelicot, la philosophe Manon Garcia s’est rendue au tribunal d’Avignon pour suivre le procès de Mazan, où Dominique Pelicot et ses 50 coaccusés étaient jugés pour viols. Dans "Vivre avec les hommes", Manon Garcia raconte ce qu’elle a vu, entendu, ressenti, et elle propose une réflexion plus large sur la masculinité, la culture du viol, la justice. Au fil de son observation des huit semaines du procès, la philosophe se demande : “Peut-on vivre avec les hommes ? À quel prix ?”
Le livre s’ouvre par une citation de Marguerite Duras, reprise par Marie Darrieussecq pour le titre d’un de ses romans : "Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter."
"Je croyais que c’était en partie à nous de nous demander si nous devrions vraiment aimer les hommes comme nous les aimons, mais je commence à penser qu’il faudrait qu’ils aiment un peu les femmes. Un peu, juste un peu. Qu'ils nous aiment un peu pour qu'on puisse continuer à les aimer", écrit-elle. Interrogée par Usbek & Rica, elle déclare : "Dans une certaine actualité éditoriale féministe, on entend dire qu’il faudrait que les femmes aiment mieux les hommes, qu’on réinvente l’amour, qu’on mette le cœur sur la table. Comme s’il s’agissait d’une entreprise commune des hommes et des femmes, ensemble. Or, ce qui m’a vraiment frappée dans ce procès, c’est plutôt l’inexistence des femmes aux yeux des hommes qui étaient là."
"Comment s’aimer si des hommes suivent le procès de loin, comme un fait divers qui ne les concerne pas, quand des femmes y voient des traces de leur quotidien ?", questionne la philosophe. Car si les femmes, en France et dans le monde entier, se sont identifiées à Gisèle Pelicot et se sont senties concernées, beaucoup d'hommes y ont vu une sorte de fait divers qui ne les concernait pas. Avec cet essai, Manon Garcia s'adresse aussi aux hommes, dans l'espoir que tous se sentent concernés et mettent "les mains dans le cambouis" pour faire changer les choses.