





Lilly Wachowski s'épanouit très loin d'Hollywood.
L'une des soeurs cinéastes à l'origine du mégasuccès Matrix, hybride improbable entre science-fiction à l'américaine, animé japonais, jeux vidéo et cinéma hongkongais, célèbre plus que jamais la liberté de son art, imaginé en compagnie de Lana Wachowski.
De la trilogie qui a conféré à Keanu Reeves une allure de sauveur immortel bien avant John Wick à ses flops au box office (comme l'ovni Speed Racer) en passant par le tout premier film conçu entre soeurs, Bound, une love story lesbienne et série noire très sulfureuse...
Dans une exceptionnelle au Chicago Sun Times, Lilly Wachowski persiste et signe : Matrix, odyssée pétaradante et philosophique de Néo en compagnie de l'hyper badass Trinity, est un fim LGBTQ révolutionnaire et une allégorie de sa propre trajectoire : celle d'une personne transgenre...
Matrix, allégorie de la transidentité ?
Avec ses vertus philosophiques sur la quête de soi, sa mise en scène spectaculaire du corps et de ses "transformations", et surtout, sa réflexion sur les multiples vies occupées par un seul individu (une obsession dans le cinéma des soeurs Wachowski) cette idée est devenue très virale au sein de la fanbase de la saga.
La trajectoire de ses cinéastes, artistes trans, férues de culture queer, appuient naturellement ce concept. Et Lilly Wachowski de raviver la flamme en interview aujourd'hui : "Nos films parlent de libération. Nous travaillons sur un aspect de cette libération, notamment dans les films « Matrix », qui sont clairement liés à notre transidentité intériorisée..."
La cinéaste queer étaye sa réflexion très incarnée : "Et ce désir de libération nous permet d'éprouver de l'empathie pour tous ces autres mouvements de libération, notamment la libération des femmes, la libération queer et la libération des personnes noires et métisses... Il y a quelque chose d’irremplaçable pour nous en tant qu’êtres humains dans le fait d’être en communauté, de se voir et de se valider physiquement.".
"On peut trouver des parallèles entre tous ces mouvements. Et parce que nous sommes tous ensemble dans ce combat, nos films restent pertinents pour ceux qui luttent sur leur chemin."
Plus acerbe, la réalisatrice s'attriste que les studios hollywoodiens "font partie intégrante d'un mouvement conservateur plus vaste, anti-diversité et anti-marginalisation. Le système hollywoodien aujourd'hui s'oriente davantage vers un art homogénéisé". Quelque part, Matrix est donc un film particulièrement rebelle dans ses messages politiques, d'autant plus pour un blockbuster.
Et la réalisatrice d'asséner tout sourire : "Le cinéma est un art coûteux, mais je pense qu'il existe des moyens de le révolutionner, et c'est ce que je m'efforce de faire"