Elles ont toutes deux été exposées au Distilbène pendant la grossesse de leur mère. Aujourd’hui, elles assignent devant la Cour d’appel de Paris les laboratoires UCB Pharma et Novartis, qui fabriquaient cette hormone de synthèse. Atteinte d'un cancer dénommé adénocarcinome à cellules claires, Marie-Elise, 47 ans aujourd’hui, l'a « vaincu après 18 opérations et 42 anesthésies générales », affirme ainsi l'association Les filles DES, qui soutient les femmes exposées au Distilbène in utero. Elle souffrait de cette maladie propre aux enfants de patientes ayant pris du Distilbène depuis l'âge de 21 ans. « Son exposition in utero à la molécule diéthylstilbestrol (DES) est certaine et le lien avec son cancer également », a pour sa part souligné Nathalie Lafaye, porte-parole du « Réseau DES France ». Et d’ajouter : « La question, à présent, c'est plutôt de savoir comment les laboratoires vont être condamnés ».
A 41 ans, la seconde plaignante, dont l'anonymat a été préservé, a fait une fausse couche avant de vivre cinq grossesses extra-utérines dont une a failli lui coûter la vie. Elle avait elle aussi été exposée à la molécule pendant la grossesse de sa mère. Dans une décision rendue le 24 septembre 2009, la Cour de cassation avait estimé qu'à partir du moment où une jeune femme prouve qu'elle a été exposée à la molécule DES, il appartient au laboratoire attaqué de prouver son innocence. « Elle a ainsi créé une possible condamnation solidaire des deux laboratoires qui ont commercialisé la molécule, et qui ne pourront jamais prouver que leur produit n'est pas en cause », expliquait mercredi l'avocate des deux plaignantes, Maître Martine Verdier.
Retiré du marché il y a plus de trente ans, le Distilbène a été prescrit à 2 à 8 millions de femmes enceintes dans le monde, entre 1948 et 1976, pour prévenir les fausses couches. En France, on estime que 200 000 d’entre elles auraient été traitées avec cette hormone de synthèse.
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