Le Distilbène vient d’être tenu pour responsable du handicap lourd dont souffre un jeune homme. En effet, né grand prématuré en 1990, sa grand-mère s’était vu prescrire ce traitement, censé prévenir les fausses couches, pendant sa grossesse.
La Cour d’appel de Versailles « a considéré que l’exposition au Distilbène de la mère est responsable de l'accouchement très prématuré qui lui-même explique de façon directe le handicap majeur dont souffre Louis », a déclaré devant la presse l’avocat de la victime, Maître Verdier. Le laboratoire UCB Pharma, qui commercialisait le médicament, a été condamné au versement d’1,7 million d’euros de dommages et intérêts. La cour d'appel a toutefois reporté sa décision pour le cas d’une jeune fille, également née grande prématurée en 1995, dans l’attente des conclusions d’une expertise ordonnée dans une autre procédure.
En 2009, le tribunal de Nanterre avait déjà reconnu le lien direct entre les handicaps des deux plaignants et l’exposition au Distilbène de leurs mères, in utéro. Le laboratoire UCB Pharma, avait d’ailleurs été condamné à verser 2 millions d’euros de dommages et intérêts aux familles. Mais ce dernier avait immédiatement fait appel de la décision. « Le lien de causalité est indirect et éloigné et d’autres facteurs peuvent être à l’origine de l’état de santé des deux enfants », avait estimé l’avocat du laboratoire, Maître Ivan Terel. Pourtant, en avril dernier, une étude épidémiologique avait confirmé les effets nocifs de ce traitement sur les petits-enfants des femmes traitées.
Retiré du marché il y a plus de trente ans, le Distilbène a été prescrit à 2 à 8 millions de femmes enceintes dans le monde, entre 1948 et 1976. En France, on estime que 200 000 d’entre elles auraient été traitées avec cette hormone de synthèse.