Le Mexique dépénalise l'avortement (et c'est historique)

Publié le Mercredi 08 Septembre 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Le Mexique dépénalise l'avortement (et c'est historique)
Le Mexique dépénalise l'avortement (et c'est historique)
Alors que le Texas vient de passer une loi qui bannit quasi totalement l'avortement, le Mexique, lui, annonce sa dépénalisation. Une avancée historique.
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Le sujet de l'avortement anime les débats de part et d'autre du globe. Après une décision dramatique au Texas, qui vient d' interdire l'IVG au-delà de 6 semaines et de rendre possible la poursuite en justice de quiconque ayant pratiqué ou aidé une femme à obtenir une interruption volontaire de grossesse, le Mexique choisit le chemin inverse. Car c'est en faveur des militantes pro-choix que le pays a enfin penché.

Ce mardi 7 septembre, la Cour suprême du Mexique a ainsi jugé inconstitutionnelle la criminalisation de l'avortement. Un vote à l'unanimité qui permet aux Mexicaines de l'Etat de Coahuila ayant recours à la procédure de ne plus risquer de peine pouvant aller jusqu'à 3 ans d'emprisonnement (à part dans les cas de viol ou de danger pour la mère), et ouvre la voie à son accès pour toutes dans tout le pays. Jusque-là, seuls la ville de Mexico et les Etats de Oaxaca, Veracruz et Hidalgo autorisaient l'IVG jusqu'à douze semaines.

Les femmes emprisonnées pourront être libérées

"C'est un pas de plus dans la lutte historique pour l'égalité [des femmes], la dignité et le plein exercice de leurs droits", déclare ainsi le président de la Cour, Arturo Zaldivar, dont les propos sont rapportés par l'AFP. "A partir de maintenant, il ne sera pas possible, sans violer les critères du tribunal et de la Constitution, de poursuivre une femme qui avorte dans les cas validés par ce tribunal".

Concrètement, explique l'avocat constitutionnel et expert des questions d'avortement Alex Alí Méndez à l'AFP, cela donne aux patientes un levier pour faire plier les soignant·e·s récalcitrant·e·s. "La femme doit demander [aux services de santé] de pratiquer l'avortement, et s'ils le lui refusent, elle peut se présenter devant un juge et déposer un recours. Le juge aura désormais le pouvoir d'ordonner que l'avortement soit pratiqué". Pour ce qui est des détenues qui ont fait les frais de cette loi archaïque, elles pourront recouvrer leur liberté, prévoit l'institution.

Le Groupe d'information sur le choix reproductif (GIRE), qui milite pour le droit à l'avortement, a qualifié cette décision d'"historique", affirme la BBC. "Nous espérons que dans tout le pays, les femmes et les personnes ayant la capacité de porter un enfant auront les conditions et la liberté de déterminer leur destin reproductif". Un choix qui n'appartient qu'à elles, ce que le pays semble enfin avoir compris.