Société
April Benayoum, Miss Provence, victime de propos antisémites : le gouvernement réagit
Publié le 21 décembre 2020 à 12:25
Par Louise Col | Journaliste
Louise Col, journaliste spécialisée dans les sujets de société sur le site terrafemina.com
L'élection de Miss France 2021, samedi 19 décembre, a été le théâtre d'un déferlement de haîne déplorable. April Benayoum, Miss Provence élue première dauphine, a en effet été la cible d'insultes antisémites intolérables, que le gouvernement a fermement condamnées.
April Benayoum, Miss Provence, victime de propos antisémites : le gouvernement réagit April Benayoum, Miss Provence, victime de propos antisémites : le gouvernement réagit© Instagram/@aprilbenayoum
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Samedi 19 décembre, TF1 diffusait l'élection de Miss France 2021, sans public et en direct du Puy du Fou. Une émission spéciale qui célébrait les cent ans du concours de beauté. Un événement largement critiqué par de nombreuses féministes, qui déplore la façon dont il présente la femme comme un objet et semble faire fi de la pluralité des féminités du pays.

Ce soir-là en revanche, il s'est retrouvé au coeur de l'actualité pour une raison toute autre : l'antisémitisme crasse dont a été victime l'une de ses concurrentes, la désormais première dauphine April Benayoum, alias Miss Provence.

Des insultes honteuses

Ce soir-là, Amandine Petit, Miss Normandie, est sacrée Miss France 2021, et couronnée de la tiare scintillante. A ses côtés, April Benayoum, Miss Provence, obtient le titre de première dauphine. Seulement, la jeune femme de 21 ans qui poursuit des études de marketing fait vite davantage parler que la gagnante. Et pour des raisons intolérables : les insultes qui visent précisément ses origines, April Benayoum ayant mentionné dans sa vidéo de présentation être née d'une "mère serbo-croate" et d'un "père israélien-italien".

Des propos fortement condamnables dont certains font l'apologie de la Shoah, relaient des théories complotistes écoeurantes, voire appellent au boycott de sa candidature, rapporte Franceinfo. Lesquels ont été accompagnés par des critiques virulentes sur son physique. Immédiatement, ces mots honteux ont aussi suscité une vague de soutien de la part du public et de personnalités diverses.

D'abord, les organisateurs de l'événement : "TF1, EndemolShine et l'organisation Miss France condamnent fermement les propos haineux et antisémites proférés hier soir sur les réseaux sociaux à l'encontre d'April Benayoum [...]. Le racisme et la discrimination sont totalement contraires aux valeurs de la chaîne, de la production de l'émission". Et puis, la classe politique.

"Aux traditionnels commentaires sexistes et racistes, on peut cette année ajouter les invectives antisémites", dénonce la députée PS de l'Oise Laurence Rossignol. "Cet événement me met toujours aussi mal à l'aise. Soutien à elles toutes. Non ! Elles ne l'ont pas cherché". "Plus de moyens doivent être déployés pour combattre la haine en ligne et engager des poursuites", martèle également Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie.

Pour le sénateur PS Rachid Temal, ces commentaires viennent de "fachos lâchement anonymes", qu'il condamne fermement. Audrey Pulvar, adjointe à la maire de Paris, rappelle à son tour que "L'antisémitisme n'est pas une opinion, c'est un délit. Il serait temps que les résaux sociaux en prennent conscience". A droite, le président Les Républicains de la région PACA, Renaud Muselier, parle d'"abomination", quand la présidente déléguée des députés LREM Aurore Bergé qualifie d'"insupportable" La "haine antisémite et antisioniste [qui] se déploie contre Miss Provence", cite Le Monde.

Le gouvernement saisit la justice

Dans la journée, la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa a elle aussi tweeté son soutien à April Benayoum, "cible de propos antisémites d'une violence inouïe toute la soirée après avoir évoqué ses origines". Elle précise également avoir adressé un signalement au Procureur au titre de l'article 40 du Code pénal. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'estime lui "profondément choqué", assure "ne rien laisser passer", et que "les services de police et de gendarmerie sont mobilisés".

Au sein même du comité Miss France, les déclarations fusent. Amandine Petit, fraîchement couronnée, a réagi sur BFM TV à ce déferlement de haine : "C'est extrêmement décevant, je ne pensais pas qu'on pouvait avoir des propos tels à l'époque à laquelle on est."
Sylvie Tellier, directrice générale de l'organisation Miss France, a de son côté rappelé au média la responsabilité des réseaux sociaux à agir contre ces attaques. "Ce qui est récurrent, et on l'a vu dans l'actualité de ces derniers mois, c'est que les réseaux sociaux sont un déversoir de haine et qu'il n'y a aucun contrôle et aucune maîtrise". Elle ajoute : "Quand on voit toute l'économie qui entoure Instagram, Twitter etc. je ne comprends pas que les moyens ne soient pas mis en place pour modérer et empêcher ce genre de témoignage, c'est honteux".
La principale concernée s'est quant à elle confiée auprès de La Provence. "Je trouve triste que l'on en soit encore là en 2020 ; il faut se mobiliser pour que cela s'arrête", lance April Benayoum. "Je n'ai pas cherché à provoquer qui que ce soit. La France est un pays cosmopolite, les Miss sont d'origines différentes, de cultures différentes, de régions différentes, et c'est ce qui est beau dans cette compétition".

Depuis, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "injures à caractère raciste et provocation à la haine raciale".

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Société discrimination réseaux sociaux Cyber-harcèlement gouvernement News essentielles
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