#MeTooTéléRéalité : comment Nathanya Sion aurait été poussée au silence par son agente

Publié le Lundi 02 Mai 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Depuis plusieurs mois, des jeunes femmes accusent le même candidat de téléréalité, Illan Castronovo, d'agressions sexuelles, d'exhibitionnisme et de harcèlement. L'une des candidates des "Anges", Nathanya Sion, elle, a porté plainte en 2021, malgré de lourdes tentatives de silenciation de son agente, Magali Berdah.
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Le 7 décembre 2021, Nathanya Sion, révélée par saison 11 des Anges, a porté plainte contre Illan Castronovo, un autre candidat de téléréalité vu dans 10 couples parfaits, pour "harcèlement, diffamation et agression sexuelle". Les faits (il se serait masturbé devant elle, sans son consentement) remonteraient à janvier 2019, alors que les deux tournaient.

Dans une vidéo publiée le 1er mai 2022, la jeune femme raconte cette fois qu'alors qu'elle s'était confiée à son agente Magali Berdah au moment de l'affaire, cette dernière lui aurait intimé de se taire pour préserver sa vie professionnelle.

Message audio à l'appui, Nathanya Sion dévoile les mots de la créatrice de l'agence Shauna Events, qui oscillent entre culpabilisation et minimisation. "Tu parles de branlette sur les réseaux... C'est pas joli pour nous", ose-t-elle, lui conseillant plutôt de "montrer des choses belles sur [s]es réseaux".

Et de la pousser au silence : "Laisse-le dans sa merde [...]. Là, je parle pour ton image, c'est pas joli, chérie". "Tu ne dois pas te rabaisser à ce truc. Maintenant s'il te plait, passe à autre chose". Elle ajoute : "T'emploies des mots... C'est pas à ton image. Pour les marques, les partenariats, c'est pas..."

Une "omerta" qu'a également dénoncée Alix Desmoineaux, autre candidate qui affirme avoir vu une vidéo datant elle aussi de 2019, dans laquelle Illan Castronovo serait en train d'agresser une jeune fille mineure.

"Tout un système de protection s'est mis en place autour de l'agresseur"

Sur Twitter, la journaliste et autrice féministe Valérie Rey-Robert dénonce : "Le pouvoir des candidats de [télé-réalité] leur confère un pouvoir de nuisance énorme et les candidats violents sont en pleine impunité car protégés par leurs agents, des prods, leurs fans, les blogueurs qu'ils paient pour ruiner des réputations."

Et de poursuivre : "Et comme la plupart des victimes sont des jeunes femmes qui tiennent des propos sexistes, qui ne sont pas cultivées, qui ont fait beaucoup de [chirurgie], n'ont pas le bon réseau pour parler, elles sont ignorées et méprisées par quasi tout le monde (media et féministes comprises)." Des propos qu'elle développe dans son livre Téléréalité : une fabrique du sexisme (ed. Insolentes), paru le 13 avril dernier.

Un sujet dont s'est également emparé #NousToutes, enjoignant à écouter la parole des victimes. "Chaque fois que des candidates de tv-réalité ont pris la parole pour dénoncer des violences, tout un système de protection s'est mis en place autour de l'agresseur", écrit le collectif féministe sur le réseau social. "Cela ne les a pas empêchées de continuer à dénoncer, pour ne jamais laisser s'éteindre cette vague de dénonciations."

Les militant·es se sont adressé·es directement aux productions, martelant que "produire des candidats violents en télé est dangereux pour les personnes qui participent aux programmes et pour les jeunes qui les consomment. Vous avez le devoir de ne plus ignorer les prises de parole, ne jamais plus cautionner des faits des violences ni protéger leurs auteurs."

Nathanya Sion, elle, se souvient s'être sentie "abandonnée et tellement seule" à l'époque. Aujourd'hui, l'agente Magali Berdah a annoncé que ses paroles étaient "sorties de leur contexte", et qu'elle avait l'intention de porter plainte contre la jeune femme.