La Nouvelle-Zélande instaure un congé payé en cas de fausse couche

Publié le Vendredi 26 Mars 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
La Nouvelle-Zélande instaure un congé payé en cas de fausse couche
La Nouvelle-Zélande instaure un congé payé en cas de fausse couche
En Nouvelle-Zélande, la femme et le parent qui seront confronté·e·s à un cas de fausse couche ou de décès à la naissance auront désormais droit à un congé spécial de trois jours.
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La loi a été votée mercredi 24 mars dans la soirée. Désormais, en Nouvelle-Zélande, par ailleurs premier pays à avoir accordé le droit de vote à ses citoyennes en 1893, les femmes ayant vécu une fausse couche ou la naissance d'un bébé mort-né, ainsi que leur partenaire, auront droit à un congé spécial de trois jours. Une décision qui leur permet de prendre un moment pour se remettre de cet événement terrible, sans pour autant devoir réclamer un arrêt maladie. Un congé qui pourrait s'étendre aux personnes qui perdraient un foetus dans le cas d'une GPA.

"C'est une loi pour les droits des travailleurs et une meilleure justice", a plaidé devant le Parlement l'élue de gauche Ginny Andersen. "J'espère qu'elle permettra aux personnes concernées de faire le deuil et encouragera la libération de la parole sur les fausses couches. Nous ne devrions pas avoir peur de nos corps. Le deuil qui accompagne une fausse couche n'est pas une maladie, c'est une perte, et il faut du temps pour se remettre physiquement et mentalement d'une telle perte".

Briser le tabou autour de ces grossesses

Pour la députée écologiste Jan Logie, au-delà d'offrir aux mères et aux familles un temps précieux pour aller mieux, cette mesure contribuerait à briser le tabou et le silence que de nombreuses femmes endurent encore après un cas de mortinatalité ou de fausse couche.

Un "silence qui a causé tant de mal", estime-t-elle. Et pourtant, "c'est une expérience incroyablement normale, mais normale ne veut pas dire facile ; cela ne veut pas dire sans douleur. Or pendant longtemps, par le silence et la stigmatisation, nous avons forcé les femmes - principalement les femmes - à faire comme si rien ne s'était passé."

Elle le rappelle : une Néo-zélandaise sur quatre a fait une fausse couche et environ 20 000 femmes connaissent une interruption involontaire de grossesse par fausse couche ou "mortinaissance" chaque année dans le pays du Pacifique. Des chiffres qui ne font que justifier la nécessité de la mise en place d'un tel dispositif.

Pour certaines en revanche, ce dernier ne va pas assez loin, puisqu'il exclut l'avortement. "La douleur, l'angoisse et le traumatisme vécus pendant un avortement et le fait qu'ils ne soient pas inclus dans ce projet de loi me mettent mal à l'aise - personnellement mal à l'aise", déclare notamment l'élue Erica Stanford, du parti national de Nouvelle-Zélande. A savoir que l'IVG, sujet particulièrement sensible dans le pays, a seulement été dépénalisée en 2020 sous l'impulsion de sa première ministre, Jacinda Ardern. Jusque-là, elle pouvait être passible de 14 ans d'emprisonnement.

Enfin, comme une bouteille à la mer, Ginny Andersen a encouragé le reste du monde à considérer sérieusement cette nouvelle loi. "J'espère que si nous sommes l'un des premiers, nous ne serons pas l'un des derniers, et que d'autres pays commenceront à légiférer pour un système de congés juste et empreint de compassion".

En France, où 15 à 20 % des grossesses débutantes se soldent par une fausse couche, le congé maternité et paternité est accordé dans sa totalité pour un accouchement après 22 semaines de grossesse. Avant, il faut là aussi réclamer un arrêt maladie.