Richard Gere est dubitatif.
Le playboy iconique des années 80 et 90, acclamé de American Gigolo à Pretty Woman, ne se reconnaît pas dans tous les aspects de notre époque contemporaine. Et à l'instar de confrères et consoeurs, comme Kim Basinger, il semble loin de comprendre l'intérêt d'une profession exceptionnelle très "en vogue" : les coordinatrices d'intimité.
Etre coordinateur-ice d'intimité, c'est s'assurer du bon suivi des scènes de nu et de sexe sur les plateaux de cinéma et de séries. Normal People, Pauvres créatures, Challengers... Nombre d'oeuvres ont pu bénéficier de ces chorégraphes de l'intime qui dialoguent avec les comédiens, s'assurent de leurs consentement, de l'expression de leur malaise et de leurs limites concernant ce que peut exiger la scène, afin de garantir le plus de confort durant ces moments très loin d'être aisés pour les professionnels de la comédie.
Et Richard Gere dans tout cela ? Et bien, le binôme de Julia Roberts s'est confié sur ce sujet épineux et controversé, et forcément, sa prise de parole devrait faire réagir...
C'était mieux avant ?
Rien n'est moins sûr. On s'interroge au visionnage de Neuf semaines et demie ou Basic Instinct, entre autres classiques du cinéma charnel, sulfureux et ouvertement cochon, associant sex symbols et fantasmes très masculins, sur les réelles conditions de tournage des scènes les plus épineuses, et surtout, sur ce qu'il se serait passé, si les coordinatrices d'intimité avaient pu exister en ce temps-là.
Richard Gere lui semble ne guère croire en cette uchronie : "À vrai dire, je ne pense pas que ça aurait fonctionné à l'époque. Voyez-vous, dans les années 80, on était à l'aise comme ça."
Ah, les années 80 : plus patriarcales, plus insouciantes, plus décomplexées ! Forcément...
Et le débat ne s'arrête pas là...
Car tel que le relate Indiewire, d'autres voix s'entremêlent dans ce débat. Beaucoup plus modernes. Telles celles de Mikey Madison et Sean Baker, star et metteur en scène de Anora (Palme d'or au festival de Cannes). Dans ce film, portrait d'une travailleuse du sexe, abondent les séquences sulfureuses très frontales. Mais pas de coordinatrice d'intimité sur le plateau !
"Mikey Madison a fait sensation en refusant un coordinateur d'intimité pour ses nombreuses scènes de sexe dans « Anora ». « J'étais toujours à l'aise, et je pense aussi parce qu'Ani l'était aussi », a déclaré Madison au New York Times l'automne dernier. « Je n'ai jamais pensé à être nerveuse.»", détaille à ce titre le journal américain.
"Son réalisateur, Sean Baker, a déclaré qu'il estimait que des coordinateurs d'intimité devraient être présents au cas par cas. Pour « Anora », il a notamment joué avec sa femme Samantha Quan les scènes intimes en question pour Madison et ses partenaires de scène, dans le film primé aux Oscars, avant même que les caméras ne commencent à tourner."
Kim Basinger par exemple avait à l'unisson exprimé sa perplexité à cet égard. Témoignant : "Je ne peux pas imaginer que quelqu'un vienne vers moi et me dise : « Cela vous dérange s'il met sa main ici ?...". Et d'ajouter : "Ce n’est qu’une autre personne dans la pièce. Soit on règle le problème, soit on ne le fait pas. Je ne vois pas pourquoi il est nécessaire de procéder à des visites surveillées".
Récemment, un point de vue contradictoire s'est élevé, celui de Gwyneth Paltrow, actrice bien plus jeune que les noms précités, qui évoque en interview ses scènes de sexe en compagnie... De Timothée Chalamet. Et sa découverte, en retour, du métier de coordinatrice d'intimité : "Timothée Chalamet, c’est plutôt le sex-symbol intello. Il est très poli, bien élevé, c’est un... j’allais dire... un homme qui prend son travail au sérieux et un partenaire très drôle"
"J'étais moi-même contre l'idée de travailler avec une coordinatrice d'intimité mais j'avais tort ! Cette coordinatrice d'intimité, telle une danseuse, a pensé des chorégraphies qui, à l'écran, permettent aux scènes intimes d'être plus réalistes"