Pourquoi si peu de femmes dans le classement des personnalités préférées des Français

Publié le Lundi 31 Décembre 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Sophie Marceau, première femme du classement des personalités préférées des Français·es 2018
Sophie Marceau, première femme du classement des personalités préférées des Français·es 2018
Le traditionnel classement des personnalités préférées des Français·ses a été dévoilé le 29 décembre. Une chose saute aux yeux : le manque de femmes.
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Dans le top 50 des personnalités préférées de Français·es Ifop-JDD de cette année 2018, dans un ordre décroissant, on compte, Jean-Jacques Goldman, Omar Sy, Dany Boon, Kylian Mbappé, Thomas Pesquet, Zinedine Zidane, Michel Cymes, Jean Reno, Jean-Paul Belmondo, Soprano, Jean-Pierre Pernaut, Teddy Riner, Michel Sardou, Jean Dujardin, Antoine Griezmann .... Sophie Marceau.

Vous n'avez rien remarqué ? La première femme qui apparaît dans ce classement est à la 16e position. Et le reste est à l'avenant : il faut descendre à la 23e position pour trouver une deuxième femme, Florence Foresti, puis Mimie Mathy est 26e, Elise Lucet 31e, Louane 32e, Valérie Lemercier 37e, Muriel Robin pour son combat contre les violences faites aux femmes arrive à la 38e place, Mylène Farmer est 39e, Josiane Balasko 40e, Ingrid Chauvin et Karine Lemarchand suivent à la 41e et 42e places, Zazie est 45e - suivies ensuite de Nolwenn Leroy et de Line Renaud.

Outre le fait que les femmes arrivent très loin dans le classement, elles ne sont que 14 sur 50 personnalités à y être présentes.

Pourquoi si peu de femmes dans ce top 50 des personnalités préférées des Français·ses


Dans le Journal du Dimanche, Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop a ces mots : "On a ici la preuve d'un certain machisme français et du manque de figures féminines qui comptent".

Des figures féminines, il y en a, encore faut-il les montrer. Une étude de l'entreprise Press'edd révèle le 19 décembre dernier que, parmi les 1 000 personnalités les plus médiatisées de la presse française cette année, on ne comptait que 15,3 % de femmes.

Et ce chiffre très médiocre est inférieur à celui de 2017 où l'on recensait seulement 16,9 % de femmes. Le cru de l'année 2018 est ainsi le deuxième plus bas en six ans, depuis la création de ce classement. Et à ce petit 15,3 % des personnalités les plus médiatisées, on ne leur accorde que 13 % des citations dans la presse.

Aussi dans ce même classement, il faut attendre la 12e place pour y trouver une femme avec Angela Merkel, puis Marine Le Pen en 14e position, Theresa May est 18e, Agnès Buzin, la ministre de la Santé est 26e, Elisabeth Borne, la ministre des Transports, est 39e, suivies de la ministre de la Justice Nicole Belloubet 45e et de la maire de Paris Anne Hidalgo, 48e. Et c'est tout pour le top 50 de ce classement, seulement 7 femmes sur 50 !

Ce baromètre est aussi intéressant parce qu'il mesure le nombre de Unes de la presse écrite qui leur sont consacrées. Seules 22 % des femmes du top 1 000 de ce palmarès y ont figuré en 2018.

Les femmes sont quasiment invisibles des médias français ! Et si on s'intéresse à d'autres études et sondages, on s'étonne encore moins ; elles ne représentent, selon le CSA, que 35 % des expert·es invité·es dans les médias contre 75 % pour les hommes.

Un problème de méthodologie ?

Le classement compte un grand nombre d'acteurs et d'actrices, mais aussi de sportifs. Or, si on ne visibilise pas les femmes dans le cinéma ou si on ne visibilise pas les sportives, il en sera de même pour le classement 2019. Qui connaît par exemple Siraba Dembélé, capitaine des bleues, double championne du monde et championne lors de la récente victoire de la France à la coupe d'Europe de Handball ?

Aussi, il faut rappeler la méthodologie de ce sondage : "68 noms ont été proposés [aux 1004 sondé·es] : les 45 premiers du classement 2017 à l'exception de Charles Aznavour, décédé, 5 personnalités choisies par la rédaction du JDD et 19 par les internautes sur une liste de 60 postulants pendant tout le mois de novembre."

Le choix est donc largement limité !

Pas étonnant donc, que les femmes soient invisibilisées de ce classement du top 50 des personnalités préférées des Français·es. Il ne nous reste plus qu'à faire chauffer nos cerveaux pour inviter encore plus d'intervenantes féminines en 2019.