On a refusé d'avorter Agnieszka : elle est morte, victime de la loi polonaise

Publié le Vendredi 28 Janvier 2022
Julie Legendart
Par Julie Legendart Journaliste
Marche féministe contre la loi anti-IVG en Pologne à Bydgoszcz en octobre 2020
Marche féministe contre la loi anti-IVG en Pologne à Bydgoszcz en octobre 2020
La loi anti-avortement ultra-restrictive instaurée en Pologne a fait une nouvelle victime : Agnieszka T, 37 ans, à qui l'on aurait refusé une IVG. Son décès a suscité une immense vague d'indignation dans le pays.
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Lanternes et couronnes à la main, les Polonaises sont une nouvelle fois descendues dans les rues de Varsovie, ulcérées. Elles pleurent la mort ce 25 janvier d'Agnieszka T, une jeune femme de 37 ans. Cette mère de trois enfants était enceinte de jumeaux lorsque le rythme cardiaque de l'un des foetus s'est arrêté. Mais les médecins ont refusé de pratiquer un avortement, un an après l'instauration de l'une des lois anti-IVG les plus restrictives d'Europe.

Un long cauchemar

Selon la famille de la jeune femme, elle avait été admise une première fois à l'hôpital de Częstochowa pour des douleurs abdominales le 21 décembre. Elle était au premier trimestre de cette grossesse gémellaire et "en bonne forme physique et mentale". Mais sa santé s'est par la suite détériorée. Le 23 décembre, le rythme cardiaque de l'un des jumeaux s'est arrêté et, selon la famille d'Agnieszka, les médecins ont refusé de l'avorter, citant la législation en vigueur sur l'avortement.

Quelques jours plus tard, le deuxième foetus est également mort. Toujours selon la famille, deux jours supplémentaires se sont écoulés avant que les médicaments déclenchant l'interruption de la grossesse ne fassent effet le 31 décembre.

Son mari aurait "supplié les médecins de sauver sa femme, même au prix de la grossesse", a déclaré ce mardi la soeur jumelle d'Agnieszka, Wioletta Paciepnik, comme le rapporte The Guardian. Mais rien n'y a fait. Et la santé de la jeune femme a continué à se dégrader. Après un arrêt cardiaque le 23 janvier, elle avait pu être réanimée puis transportée dans un autre hôpital, à Blachownia. C'est là qu'elle est morte deux jours plus tard, précise France Info.

Selon sa famille, elle serait morte d'une septicémie, mais la cause du décès n'a pas été précisée dans le communiqué publié par l'hôpital. "Nous soulignons que le personnel de l'hôpital a fait toutes les actions nécessaires pour sauver la patiente", indique-t-il, niant le fait qu'une IVG ait été refusée.

Peu de temps après sa mort, une déclaration de la famille dAgnieszka accusant l'hôpital de négligence a été publiée sur Facebook, accompagnée d'une vidéo bouleversante des derniers jours d'Agnieszka.

"L'interdiction de l'avortement en Pologne tue"

Ce décès fait écho à la mort d'Izabela en septembre dernier, décédée d'un choc septique après s'être vue refuser une intervention médicale lorsqu'elle a perdu les eaux au cours de la 22e semaine de sa grossesse. Une tragédie qui avait déjà suscité une vague d'indignation dans tout le pays. Cela fait maintenant un an que la loi interdit l'avortement aux Polonaises, même lorsque le foetus n'est pas viable, sauf en cas de viol, d'inceste, ou lorsque la vie de la mère est considérée en danger.

"Nous continuons à manifester pour que personne d'autre ne meure", a déclaré Marta Lempart, organisatrice des manifestations, citée par The Guardian. "L'interdiction de l'avortement en Pologne tue."