La Nouvelle-Zélande va distribuer des protections périodiques gratuites dans les écoles

Publié le Lundi 08 Juin 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Jacinda Ardern veut lutter contre la précarité menstruelle.
Jacinda Ardern veut lutter contre la précarité menstruelle.
Lutter contre la précarité menstruelle. C'est là l'un des combats du gouvernement néo-zélandais, qui vient d'annoncer une distribution gratuite et massive de serviettes et tampons dans les écoles. On aimerait qu'il en soit de même en France.
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1,7 million de Françaises manquent encore de protections hygiéniques. En Nouvelle-Zélande, une adolescente sur douze déclare avoir déjà dû manquer l'école parce qu'elle n'avait pas les moyens de s'acheter des serviettes et tampons. Jusqu'à 500 millions de personnes vivent dans la précarité menstruelle à travers le monde.

"Il serait temps de rendre les protections hygiéniques gratuites. Personne n'achète un tampon ou une serviette par plaisir, par bonheur. Ce serait quelque chose de normal que ces protections soient déposées dans des cités universitaires", déclarait la blogueuse Emanouela. Et c'est justement là l'idée de la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.

La Nouvelle-Zélande a effectivement décidé de délivrer des tampons et serviettes gratuitement dans les écoles du pays. "En Nouvelle Zélande, près de 95 000 filles du pays âgées de 9 à 18 ans ne peuvent pas aller à l'école pendant leurs règles car elles n'ont pas les moyens d'acheter des protections. Or en les rendant disponibles gratuitement, nous aidons ces jeunes à continuer d'apprendre à l'école", a déclaré Ardern.

"L'accès à ces produits est une nécessité, pas un luxe"

2,6 millions de dollars néo-zélandais (1,7 million de dollars américains), c'est ce que compte bien investir le gouvernement du pays pour faire face au désarroi des jeunes filles, l'espace d'un programme qui devrait s'étendre, d'école publique en école publique, jusqu'à l'an prochain. Une initiative d'envergure donc.
"Les menstruations sont une réalité pour la moitié de la population et l'accès à ces produits est une nécessité, pas un luxe !", a déclaré du côté de CNN Julie Anne Genter, ministre néo-zélandaise des Femmes depuis trois ans déjà. Un "bien commun" sur lequel insiste la politicienne, surtout depuis la crise du coronavirus.

"Il est tellement important que les femmes occupent des postes de pouvoir afin que les besoins des femmes et des filles soient prioritaires", a réagi avec enthousiasme l'entrepreneuse féministe Amy Diehl. Pour la chercheuse et scientifique Tracey Perez Koehlmoos, distribuer gratuitement tampons et serviettes est davantage qu'une réponse aux inégalités : c'est une manière de briser un tabou trop prégnant dans notre société. "Les filles n'auront pas à transporter leurs protections dans un 'sac spécial' ou à les cacher", déclare-t-elle sur Twitter.

"C'est un investissement fantastique", a renchérit Miranda Hitchings, la cofondatrice de l'organisation non-gouvernementale Dignity (laquelle souhaite garantir un accès aux protections à toutes les femmes de Nouvelle-Zélande). Avant de poursuivre : "Mais ce n'est que le début. Car la précarité menstruelle n'affecte pas seulement les étudiantes mais de nombreux autres individus, comme les personnes sans-abris ou au chômage, qui ressentent profondément les effets de ce manque d'accès aux produits ". Le combat pour l'égalité est encore long.

Mais peu à peu, la situation évolue. Rappelons qu'en Ecosse, en Angleterre et au Pays de Galles, la distribution de tampons et serviettes est gratuite dans les établissements scolaires. "Il est invraisemblable que de jeunes femmes soient obligées de manquer des jours d'école simplement parce qu'elles n'ont pas accès ou qu'elles ne peuvent pas s'offrir des protections hygiéniques", a expliqué la ministre de l'Education nationale galloise Kirsty Williams. En France, une expérimentation de la gratuité des protections hygiéniques sera lancée dans plusieurs lieux collectifs dès le mois de septembre prochain.