Quand le magazine coréen Maxim glamourise les violences faites aux femmes

Publié le Mercredi 02 Septembre 2015
Anaïs Orieul
Par Anaïs Orieul Journaliste
Le magazine Maxim crée le scandale avec sa couverture violente
Le magazine Maxim crée le scandale avec sa couverture violente
Le dernier numéro du magazine sud-coréen "Maxim" est sous le feu des critiques, et il n'y qu'à jeter un oeil à la couverture pour comprendre d'où vient le problème. En choisissant de s'inspirer du cinéma de genre cher au pays, le mensuel n'a réussi qu'une seule chose : glorifier les violences contre les femmes.
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Maxim ne paraît plus en France depuis quelques années déjà, mais on connaît tous plus ou moins sa réputation : des mannequins en petite tenue, un classement annuel des filles célèbres les plus sexy, des poses lascives... bref, Maxim est un magazine qui table ses ventes sur l'objectification sexuelle des femmes plutôt que sur son contenu. Et parce qu'apparemment les filles sexy ne suffisent plus, la version sud-coréenne du mensuel a décidé d'aller plus loin en s'amusant des violences faites aux femmes.

La couverture du numéro de septembre présente ainsi l'acteur Kim Byeong-Ok, allure de bad boy, clope au bec, et pour ultime accessoire, le corps d'une femme dans le coffre de sa voiture les pieds liés. En sous-titre : "Alors les femmes aimerez les mauvais garçons ? Voilà à quoi un mauvais garçon ressemble. Vous mourez d'envie de l'aimer, n'est-ce pas ?" L'inspiration est claire : le cinéma de genre sud-coréen qui fait la part belle aux thrillers noirs et violents type Memories of Murder, The Chaser ou encore J'ai rencontré le Diable. Kim Byeong-Ok lui-même est l'une des figures emblématiques de ce cinéma puisqu'il est apparu dans Lady Vengeance et Old Boy du cinéaste Park Chan-wook. Le problème, c'est que Maxim a pris son sujet un peu trop au premier degré et vient de susciter l'indignation, d'abord en Corée du Sud, puis à l'international.

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"Arrêtez de fantasmer sur les crimes contre les femmes"

Une pétition lancée sur le site Avaaz.org intitulée "Arrêtez de fantasmer sur les crimes contre les femmes" demande le retrait en kiosques du magazine et indique que la couverture n'est que la partie émergée de l'iceberg. A l'intérieur, le shooting continue avec des clichés encore plus dérangeants. On aurait ainsi un aperçu plus frontal de la femme dans le coffre, ses yeux apeurés fixant son agresseur. Encore plus glauque : la photo d'un corps abandonné dans un sac en plastique.

Face au tollé que son numéro de rentrée a suscité, Maxim s'est défendu avec une excuse complètement insensible : "Nous avons voulu dépeindre les crimes et les meurtres à la façon des films noirs. Mais dans notre séance photo rien ne laisse sous-entendre qu'il y a eu un crime sexuel ou qu'il y a un fantasme lié à ça". En d'autres termes, le magazine insinue que les violences faites aux femmes sont acceptables tant qu'il n'y a pas d'acte sexuel forcé. Signée par près de 10 000 personnes, la pétition rappelle qu'en Corée du Sud, les femmes sont encore trop souvent victimes de violences. Ainsi, 85,6% des Sud-Coréennes ont déjà été agressées selon des statistiques de 2012.

À couverture désastreuse conséquences désastreuses

Bien que le magazine se défende de glamouriser les violences faites aux femmes, le bad buzz n'a pas tardé à commencer. Le mannequin Jung Doo-ri – lauréate du concours Maxim Girl en 2014 – a expliqué sur sa page Facebook qu'elle renonçait à poser pour le mensuel : "J'étais supposée apparaître en couverture cette année. Mais après avoir vu la couverture de ce mois-ci, je suis profondément préoccupée par la vision des femmes de Maxim. Malgré le fait que les femmes continuent à être violées et tuées par des criminels, le magazine a choisi d'embellir cette violence".