Ces profs espagnols enfilent une jupe en solidarité avec un élève expulsé

Publié le Mercredi 02 Juin 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Des professeurs espagnols portent une jupe pour briser les stéréotypes
Des professeurs espagnols portent une jupe pour briser les stéréotypes
A Bilbao, en Espagne, un jeune garçon a été expulsé de son école pour avoir porté une jupe. Une décision qui a suscité une levée de boucliers de la part de nombreux professeurs à travers le pays.
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#laropanotienegenero. Comprendre : "Les vêtements n'ont pas de genre". C'est là le nom d'un mouvement social espagnol qui fait beaucoup parler sur les réseaux ces derniers jours. Les prémices de cet élan de mobilisation nourri à coups de hashtags ? L'exclusion le 27 octobre 2020 d'un jeune garçon, Mikel Gomez, s'étant rendu à son école de Bilbao vêtu d'une jupe. Un événement qui a suscité beaucoup d'indignation. En réaction, nombreux furent les enseignants masculins... à porter une jupe en classe.

"Habillez-vous comme vous voulez !", a ainsi déclaré le professeur Manuel Ortega, 37 ans. Celui-ci a commencé à porter une jupe en classe au début du mois de mai après que l'un de ses élèves ait subi des attaques homophobes pour avoir porté un t-shirt de dessin animé à l'école primaire Virgen de Sacedon à Valladolid. Avec son collègue Borja Velazquez, il cherche à "promouvoir la tolérance" et défendre les valeurs de l'école, à savoir "éduquer dans le respect, la diversité, la mixité", comme le rapporte le journal britannique Metro.

Mais c'est aussi là l'occasion de bousculer les normes de genre.

Un acte féministe

"Valoriser la tolérance et le respect", est encore l'une des raisons pour lesquelles profs et responsables scolaires ont échangé leurs pantalons pour des jupes, selfies à l'appui. Une initiative solidaire, oui, mais également féministe, puisqu'elle tend à corriger les stéréotypes et autres injonctions. C'est aussi le "mythe de la virilité", pour paraphraser la philosophe Olivia Gazalé, qui s'en prend un sérieux coup - et c'est tant mieux.

Mikel Gomez lui-même s'est d'ailleurs décrit sur ses réseaux sociaux comme un garçon soutenant "le féminisme et la diversité", explique le journal Metro. Porter une jupe pour aller en cours était donc un acte aussi intime que politique pour l'étudiant renvoyé. Il y a fort à parier que cela n'aurait pas vraiment plu aux grands défenseurs de la fameuse "tenue républicaine". D'où l'importance de cette "journée de la jupe" pas comme les autres.

Et qui suscite l'admiration partout dans le monde. "C'est la plus belle histoire que j'ai lue depuis longtemps ! Les enseignants masculins qui portent une jupe en solidarité avec leur élève, vous êtes des légendes !", s'est enthousiasmée une internaute britannique. On ne saurait mieux dire.