Derrière la victoire, les larmes.
Celles des joueurs du PSG naturellement, dont le capitaine Marquinhos, bouleversé suite à la fracassante victoire des Parisiens, ce 31 juin, triomphe à 5-0, lors de cette finale de Ligue des Champions qui marque un tournant historique dans l'histoire du club "magique". Cependant, cet émoi, c'est aussi celui des militantes féministes et plus globalement, des voix informées...
Qui ravivent ce constat qu'insuffisamment de férus de ballon rond connaissent malheureusement : l'étroite relation entre les compétitions sportives, et plus encore les finales... Et les violences patriarcales. Theodora, rappeuse qui compte parmi les meilleures du moment, autrice d'un premier album passionnant et du mégatube "Kongolese sous BBL", a dénoncé la situation sur Instagram.
Et tiré la sonnette d'alarme entre deux buts...
L'espace d'une story, Theodora délivre effectivement ce constat à sa jeune audience : les violences conjugales seraient en hausse à chaque soir de compétition sportive.
C'est pour cela qu'elle a transmis dans cette story Instagram les numéros à connaître, comme le 39 19, "au cas où". Un message aussi rare que précieux de la part de cette artiste qui fédère autant les auditeurices de Skyrock que ceux de France Inter...
Et Theodora a totalement raison.
Cette enquête de Libé le démontre : oui, qui dit soir de compétition sportive, comme une finale de foot (et celle de la Ligue des Champions ne fait pas exception) dit violences conjugales qui montent en flèche.
Une étude britannique chiffrée et particulièrement glaçante, alarme le journal, précise données statistiques à l'appui que les violences conjugales "augmenteraient de 26 % lorsque l’équipe nationale anglaise joue, et de 38 % lorsqu’elle perd son match". Cependant, détaille Libé, "il n'y a guère d'équivalent français à cette étude".
Ce qu'il faut retenir de l'équation en tout cas, c'est une hausse de "10% des violences" chez les hommes lors de ces soirées "événement". Soirées marquées par l'alcool, notamment.
A cela, il faut ajouter cet état des lieux du Parisien, qui affirme que "les professionnels du secteur font le lien entre compétitions sportives et augmentation des violences contre les femmes, et plusieurs initiatives ont été prises pour ne pas laisser les victimes seules".
Le journal alerte : "Certaines femmes attendent la finale dimanche de l’Euro de football la boule au ventre. Pas par passion du sport, mais par crainte que les violences conjugales redoublent. Preuve que cette inquiétude est partagée : le 3919, numéro national de référence pour l’écoute et l’orientation, a décidé de conserver pendant l’Euro et les Jeux olympiques le même nombre d’écoutantes professionnelles pour éviter l’isolement des victimes au cœur de cet été particulier".
Et Le Parisien va jusqu'à relayer la voix d'une victime de violences : "Je peux confirmer que cela ne s’arrête pas aux frontières de l’Angleterre. Je n’ai malheureusement pas besoin d’étude pour le savoir. Les soirs où son équipe jouait, je savais que cela pouvait partir en vrille. Tout était prétexte pour m’insulter ou me frapper : une décision de l’arbitre qu’il remettait en cause, un but de l’adversaire… "
Ces violences préexistent aux soirs de finales et de compétitions. Cependant, il serait malvenu d'ignorer que ces soirées en question dévoilent un contrechamp viriliste. Chants homophobes, démonstrations de violences diverses, ivresses... Des attitudes qui surgissent volontiers au delà du champ des supporters, à l'extérieur des gradins, mais s'avèrent systématiques. Oui, la masculinité dite toxique s'exprime lors des matchs de foot et le cadre d'une finale, qui plus est au retentissement international, va logiquement exacerber ce qui s'y observe déjà.
Dans les pages de 20 minutes, la militante féministe Heloïse Duché, érudite de ces comportements, tient à expliquer le lien entre foot et violences : "même si de plus en plus de femmes s’intéressent au foot, cela reste un univers à dominante masculine où sont reproduits des comportements virilistes. De plus, la forte consommation d’alcool peut entraîner des comportements violents chez certains hommes. Et la défaite d’une équipe peut générer de la colère chez des hommes qui ont une propension à la violence"
Comme Theodora, il convient donc de briser le silence.